Correction, Please or How We Got Into Pictures

De Noël Burch
Royaume-Uni - 1979 - vost - 50' - Couleurs - 16mm
Synopsis

Essai expérimental sur l’histoire du cinéma, mêlant les images du cinéma  dit « primitif » à des prises de vue en studio afin de comprendre comment le « langage cinématographique » s’est développé à l’époque du muet. Une attention particulière est portée au processus qui a permis de contenir toujours plus le spectateur à l’intérieur de l’espace-temps de la narration.

Film présenté par Noël Burch

Critique

Correction please de Noël Burch
Les mécanismes éternels du récit

Voilà un film qui dure tout juste une heure et qui pulvérise les idées reçues sur les deux courants originels du cinéma : fantastique et fiction avec Méliès, réalisme et documentaire avec les frères Lumière. Noël Burch, cinéaste d'origine américaine, n'est pas un inconnu en France. Il a été critique aux Cahiers du cinéma, il a réalisé des cours métrages et des émissions de la série " Cinéastes de notre temps ", de Janine Bazin et André S. Labarthe pour la télévision. Son essai, Correction please, produit en Grande-Bretagne, réunit une histoire d'espionnage, tournée en couleurs et placée sous le double signe de Fritz Lang (Les Espions) et de Marcel L'Herbier (l'Inhumaine et le style arts déco), ainsi que des extraits de " primitifs " français, anglais, américains de la période 1900-1905.

Noël Burch montre comment les tâtonnements du langage cinématographique, dans le réel ou les toiles peintes de studio, ont orienté la sensibilité des spectateurs des premiers âges vers un seul processus de fascination. Pour lui, toute la culture occidentale s'est " embarquée dans le ciné " (comme l'indique le titre français). Il n'y a là-dedans rien de savant, ni de pédant. C'est très amusant, au contraire. Burch décode les plans empruntés aux " primitifs " pour faire sentir comment leurs mises en scène rudimentaires ont façonné progressivement la perception, invitant à participer à l'intrigue et à s'identifier aux personnages.

Procédant par étapes chronologiques, il y a introduit, pour comparaison, des scènes de son film moderne, volontairement rocambolesque, avec agents secrets, femme fatale, jeune homme drogué et hypnotisé, soubrette inquiétante, etc. Or, chacune de ces scènes est filmée selon les divers styles des documents d'archives. Des indications et des commentaires faussement didactiques poussent le spectateur d'aujourd'hui à pénétrer dans cet univers où la caméra découvrait ses possibilités narratives, à reconstituer, mentalement, la continuité du petit film d'espionnage, en fonction de ces vieux modèles d'ailleurs pleins de surprises.

Jacques Siclier, Le Monde

Projeté dans le cadre de

Du 8 Novembre 2019 au 10 Novembre 2019
Réhabilitons le sens au cinéma!