Mur murs

S’aventurant de Venice Beach à Watts, le regard de Varda se porte sur les murals de Los Angeles comme toile de fond et miroir des nombreuses cultures de la ville au début des années 1980. Varda pose un regard curieux sur le graffiti et le photoréalisme, le roller disco et la violence des gangs, les chrétiens évangéliques, les disciples d’Hare Krishna, les artistes, les anges et les Angelenos ordinaires. Le long de ce chemin sinueux, on fait la rencontre des créateurs de certaines fresques murales les plus mémorables de Californie, comme Judy Baca, cerveau du projet Great Wall of Los Angeles le long du fleuve Los Angeles; Arno Jordan, peintre de scènes ironiquement bucoliques qui décorent l’abattoir Farmer John; et Kent Twitchell, qui propose une justification théologique pour la représentation de la Sainte Trinité mettant en vedette les acteurs de Lassie, The Lone Ranger et Papa a raison. Le film est très Varda et très Los Angeles: vibrant de couleur et de juxtapositions surprenantes, riche d’illusions et d’allusions. Et comme les films, les peintures murales sont à la fois monumentales et éphémères, destinées à s'estomper, beaucoup d'entre elles ont aujourd'hui disparu.

 Juliet Clark, BAMPFA