The House that Jack built

De Lars von Trier
Danemark - 2018 - vost - 155' - Couleurs - Numérique
Synopsis

Un tueur en série solitaire atteint de TOC, Jack, sévit dans l'état de Washington dans les années 1970 et 1980 pendant les mêmes années que le tueur à gages dit « Ice Man ». Ingénieur perfectionniste, surnommé « Monsieur Sophistication » en raison de sa maniaquerie et de sa passion pour la mise en scène de ses assassinats, il cherche à commettre le crime parfait tout en considérant chaque meurtre en soi comme une œuvre d'art…

Critique

(…) Celles et ceux qui escomptent de la terreur seront servis. Mais The House that Jack built est un peu plus qu’un film de genre. Fondamentalement « grotesque », il offre aussi une méditation sur le mal, en même temps qu’un autoportrait à peine déguisé. Il est évident que le cinéaste a projeté beaucoup de lui dans ce double démoniaque et caricatural, Jack, esprit scientifique, intelligent mais brouillon, imprévoyant, infantile, rongé de TOC qui le mettent en danger. Jack est un psychopathe dont les tourments font aussi peur que sa cruauté. En parallèle au récit de ses atrocités, l’homme converse avec un homme à la voix envoûtante, qui reste longtemps invisible. Cette sorte de confesseur (joué par Bruno Ganz), comme il y en avait déjà un dans Nymphomaniac, l’écoute, réagit parfois, réfutant ses délires et questionnant son « talent ». Car Jack cherche à élever le crime au rang des beaux-arts. De là toutes sortes de digressions savantes, religieuses, philosophiques et esthétiques, souvent passionnantes. Où sont cités ou recyclés Goethe, Bach, Bob Dylan, Virgile, le mythe des champs Elyséens... Plus le film avance, plus le cinéaste prend des risques, et plus l’humour noir s’efface au profit d’un crescendo vraiment angoissant, menant à une chambre froide macabre. S’ensuit un épilogue d’une bonne vingtaine de minutes, monumental, si impressionnant qu’on en vient à douter : s’agit-il toujours d’un film ou d’un opéra ? La démesure de cette descente aux enfers consacre, une fois encore, Lars von Trier comme un artiste vraiment à part.

Jacques Morice, Télérama

Projeté dans le cadre de

Du 15 Mai 2019 au 12 Juin 2019