Tschick

De Fatih Akın
Allemagne - 2016 - vost - 93' - Couleurs - Numérique
Synopsis

L’été commence et pour Maik, quatorze ans, l’horizon est morne : au lycée, tout le monde l’ignore. Chez ses parents, il est livré à lui-même, entre une mère alcoolique qui enchaîne les cures de désintoxication et un père promoteur immobilier, accaparé par ses « voyages d’affaires » avec sa jeune secrétaire. A la faveur d’une proposition de son étrange et blagueur camarade de classe d’origine russe, Andrej Tschichatschow, dit « Tschick », Maik va pourtant se retrouver embarqué dans une rocambolesque virée en Lada volée, le long des routes ensoleillées de l’ex-Allemagne de l’Est…

Critique

Après The Cut (2014), fresque académique sur le génocide arménien, et avant In the fade (2017), pensum douteux sur le terrorisme, Fatih Akin se ressourçait avec un teen movie léger, inédit dans les salles françaises. Adapté d’un roman pour la jeunesse de Wolfgang Herrndorf, Tschick est le récit d’une virée automobile, durant les vacances d’été, par deux ados de 14 ans. Coïncidence, leur parcours renvoie, méta­phoriquement, à celui du cinéaste. Entre fin des cours et rentrée scolaire, les jeunes s’embarquent à bord d’un 4 × 4 Lada volé vers la Valachie, région de Roumanie qu’ils décrivent comme une contrée imaginaire. Entre deux projets besogneux taillés pour les festivals internationaux, Akin s’accorde une respiration.

Ce voyage dans une Allemagne rurale et conservatrice, où l’un des personnages a des origines valaques, kalmouks, manouches et juives, rappelle ses beaux récits cosmopolites des années 2000 (Head-on, De l’autre côté). Le film distille une fraîcheur et une liberté devenues rares dans sa filmographie. Par de superbes plans-séquences, le réalisateur accompagne ses héros sur les chemins de traverse : ils coupent à travers champs et enjambent les barrières, conduisent sans permis et siphonnent les réservoirs. Jusqu’à la relecture, sur un mode adolescent, du morceau de bravoure de Sorcerer (William Friedkin, 1977) : le franchissement d’un pont en bois pourri, remarquable scène initiatique.

Nicolas Didier, Télérama