La double Vie de Véronique

De Krzysztof Kieslowski
France, Pologne, Norvège - 1991 - vost - 98' - Couleurs - 35mm
Synopsis

Weronika, chanteuse à la voix d’or, s’est brûlé un doigt lorsqu’elle était petite. Elle aime les boules de cristal et souffre du cœur. Au cours d’un concert à Cracovie, elle meurt sur scène d'une crise cardiaque. À Paris, une jeune femme se sent soudainement emplie d’une tristesse qu’elle ne comprend pas. Véronique chante et, enfant, a failli se brûler le doigt. Elle aime les balles magiques et souffre, elle aussi, du cœur…

Critique

Répondre à la question : Quel est le film de votre vie ? revient à revivre quantité d’émotions liées aux images. S’arrêter à La double vie de Véronique signifie plutôt pour moi s’arrêter à quelques films de Krzysztof Kieslowski, car on passe de La double vie de Véronique à Trois couleurs, grâce à un plan, un personnage[1] ou à la musique. La raison de mon choix pourrait se résumer à Je ne l’ai jamais oublié en vingt-huit ans, en l’ayant vu si peu, deux fois à sa sortie et une fois il y a dix ans.

Les images immédiates ? Un angle de vuefantaisiste, un paysage flou, un visage dans la lumière. Dans mon souvenir, les premières séquences du film nous montrent le regard sur les choses de Weronika et Véronique enfants, comme s’il allait être déterminant. Je ne citerai pas une scène particulière, mais plusieurs illustrant des jeux de lumière, des reflets. La première lorsque Weronika chante et que la pluie inonde son visage. Puis celle où Véronique tombe amoureuse du marionnettiste grâce à un jeu de miroir, non pas l’homme devant elle, mais son image… Enfin le jeu de lumière tourbillonnant dans une tasse de thé à côté de Véronique lisant. Sans citer d’autres séquences, c’est le film entier qui convainc dans sa manière de traiter le thème du double lié intrinsèquement à celui de la solitude et au mystère d’une présence.

La musique bien sûr est elle aussi essentielle dans la progression du film. Les thèmes musicaux développés par Preisner résonnent dans le silence, après la projection, comme autant de leit-motifs. Ils permettent alors de se souvenir de certaines scènes longtemps après. En revoyant aujourd’hui La double vie de Véronique sans doute que le mystère, l’indicible seront toujours présents. Irène Jacob a la réponse aux questionnements à propos des scènes qui n’ont pas de réponse. Elle écrit en 2002 : « Des années plus tard, je peux me demander encore avec plaisir : Pourquoi touche-t-elle cet arbre ? et laisser la question simplement ouverte »[2].

Muriel Hermenjat



[1] Le mur recouverts de feuilles mortes lors du malaise de Weronika, le mur contre lequel Julie, dans Bleu, se blesse les doigts, une vieille dame qui traverse, courbée regardant le sol. 

[2]  Préface de : Krzysztof Kieslowski, Doubles vies, secondes chances de Annette Insdorf, Cahiers du cinéma, 2002

Projeté dans le cadre de