Vanya, 42e rue
A New York, sur la 42e Rue, des passants marchent, se croisent et se reconnaissent. Tous sont acteurs. Ils se retrouvent comme chaque jour pour répéter une pièce de Tchekhov, Oncle Vania, sous la direction d'Andre Gregory, dans un théâtre abandonné.
Ce film est l'immortalisation d'une belle expérience, tentée au New York Amsterdam Theatre par une troupe d'acteurs qui avaient l'habitude de se réunir pour jouer Oncle Vania dans l'intimité. Invité à l'une des représentations de ce « théâtre de chambre », Louis Malle eut l'idée d'en tirer un film. Avec ce qui restera son dernier long métrage, le cinéaste redonne ses lettres de noblesse à l'expression « théâtre filmé ». La caméra imite la pensée tchékhovienne : elle se glisse sous les visages, comme le dramaturge se cache sous les mots. Au début, l'américanisation déconcerte : la langue russe s'évapore sous les flots yankees, les vareuses se muent en sweat-shirts. Et, miracle, une vérité affleure, contemporaine : « Je voulais tourner un documentaire sur Tchekhov, tout en faisant de Tchekhov un documentariste de nos vies... », dit Louis Malle. Débarrassée de tout folklore, l'âme russe diffuse son énergie avec une subtilité qui a de quoi faire pâlir d'envie Nikita Mikhalkov...
Marine Landrot