Echec à Borgia

De Henry King
Etats-Unis - 1949 - vost - 107' - Noir et Blanc
Synopsis

1500. Ayant des vues de conquête sur toute l'Italie, le duc César Borgia ordonne à son serviteur Andréa Orsini d'aller espionner le comte Varano qui règne, avec son épouse Camilla, sur la ville de Citta Del Monte. Mais arrivé sur place, Orsini, qui devait séduire la femme du comte pour mieux assassiner Varano par la suite, se range aux côtés des ennemis de Borgia...

Critique

Cinéaste prolifique autant qu'éclectique, Henry King s'imposera à partir des années 30 comme le grand réalisateur maison de la 20th Century fox, qui lui confiera ses plus gros projets. Après s'être illustré aussi bien dans le drame (L’heure suprême , L’incendie de Chicago, Le chant de Bernadette), le western (Le brigand bien-aimé) que le film de guerre (Un yankee dans la RAF, Une cloche pour Adano), sa fructueuse collaboration avec l'acteur Tyrone Power débouche dans les années 40 sur trois films d'aventures historiques en costumes que seront  Le cygne noir (1942), Capitaine de castille (1947) et Échec à Borgia (1949). Loin de l'Espagne de la sainte inquisition et de la conquête des Amériques, il nous plonge avec Échec a Borgia dans l'Italie de la renaissance et des guerres fratricides menées par un Cesare Borgia bien décidé à soumettre pour son compte et par la force toute la botte italienne. Mais chez les Borgia, la force n'est rien à côté de la ruse et de la duperie. Et en la matière son fidèle lieutenant Orsini est devenu un expert. Au point que ce maitre de l'intrigue soit devenu son émissaire.

Contrairement à leurs deux précédents films plus volontiers tournés vers le grand spectacle King signe ici un drame plus volontiers intimiste et psychologique en forme d'aventure intérieure. Ou comment le héros, au contact d'un vieux souverain sage qu'il apprendra à respecter et par amour pour une belle princesse, prendra fait et cause contre le cynisme de Borgia, délaissant son intérêt propre pour une cause plus grande. Un drame touchant et subtil, qui permet pour une fois à Tyrone Power de montrer une palette plus étendue qu'à l'accoutumée, à l’image de cette scène où il dévoile à la belle héroïne le portrait qu’il a fait d’elle et où l’on sent que son personnage a changé. Le cinéaste n'en oublie pas pour autant de filmer quelques belles scènes de batailles qui viennent donner un peu de souffle et de piquant à l'ensemble. Tour juste regrettera-t-on un improbable happy end qui casse un peu la tonalité romantique (au sens premier du terme) qui prévalait jusque là. A noter également la très belle interprétation de Orson Welles qui, de par son imposante présence, campe ici un Borgia tout aussi inquiétant que savoureux. Une très belle réussite. 
 
Toile-et-moi.fr

Projeté dans le cadre de

13 Janvier 2019
Échec à Borgia