La Révolution Silencieuse

De Lars Kraume
Allemagne - 2017 - vost - 111' - Couleurs - Numérique
Synopsis
 
Allemagne de l'est, 1956. Kurt, Theo et Lena ont 18 ans et s'apprêtent à passer le bac. Avec leurs camarades, ils décident de faire une minute de silence en classe, en hommage aux révolutionnaires hongrois durement réprimés par l'armée soviétique. Cette minute de silence devient une affaire d'Etat. Elle fera basculer leurs vies. Face à un gouvernement est-allemand déterminé à identifier et punir les responsables, les 19 élèves de Stalinstadt devront affronter toutes les menaces et rester solidaires.
Critique

Le film montre les pressions exercées sur des élèves aux convictions, d’ailleurs, divergentes. Il insiste sur les différentes façons d’être socialiste et de croire en la liberté. On est en Allemagne, rappelons-le, à une époque où le nazisme est encore dans toutes les mémoires et où les communistes, qui en ont triomphé, sont au pouvoir. Les personnages reçoivent en héritage les actes plus ou moins héroïques de leurs pères pendant la guerre, les reproduisent ou cherchent à s’en détacher.

Kurt et Theo (Tom Gramenz, Leonard Scheicher, charmeurs sans être mièvres) sont les leaders de cette révolution silencieuse. Ils vont, de temps à autre, à Berlin-Ouest, ont vu quel visage avait la liberté, loin de la surveillance à tous les étages. Aussi sont-ils plus déterminés que leurs camarades. Et puis, il y a Lena (Lena Klenke), vive d’esprit, qui vient remettre en question leur amitié. Et leur stratégie dans cette lutte. Car c’en est une. Exaltante et éprouvante. Un engagement fort, en symbiose avec la fougue politique, l’élan idéaliste propres à la jeunesse. Le film épouse cette énergie, sans manquer, pour autant, d’ironie, notamment à travers l’évocation, surprenante, de Ferenc Puskás, footballeur mythique hongrois, surnommé, jadis, le « major galopant ».

Le film est adapté du livre de l’un des lycéens concernés, qui a retracé en 2006 ces événements. Lars Kraume en a tiré un récit captivant. On connaissait ce cinéaste à travers Fritz Bauer, un héros allemand, très académique. La mise en scène, ici, reste convenue, mais le scénario illustre brillamment des thèmes passionnants : le sacrifice, la trahison — d’un idéal, d’un groupe ou d’un amour. Les rebondissements, inattendus, suscitent l’intérêt. Et même l’émotion.

Jacques Morice, Télérama