La Soupe aux canards

De Leo McCarey
Etats-Unis - 1933 - vost - 66' - Noir et Blanc - Numérique
Synopsis

Pour sauver économiquement la Freedonie, Mrs Teasdale accepte d’offrir à ce petit Etat la somme de 20 millions de dollars, à la seule condition que les pleins pouvoirs soient accordés à Rufus T. Firefly. Cynique, capricieux et imprévisible, Firefly ne tarde pas à provoquer par son comportement l’entrée en guerre du pays contre son voisin de Sylvanie…

Critique

La Soupe au canard est beaucoup plus sophistiqué en terme de scénario et de mise en scène que les délirantes pantalonnades qui l’encadrent. On constate par exemple l’absence des intrigues sentimentales parallèles qui entravent la folie des Marx Brothers dans les autres films. La Soupe au canard est toutefois un titre atypique dans la carrière de McCarey. Situé au début de son œuvre, quand il n’a pas encore signé ses classiques du mélodrame ou de la comédie, La Soupe aux canards rappelle en revanche que McCarey débuta sa carrière en supervisant ou réalisant dans les années 20 plusieurs courts métrages burlesques pour le producteur Hal Roach, parmi lesquels ceux de Laurel et Hardy. McCarey avoua avoir eu du mal à supporter l’agitation permanente des Marx Brothers sur le plateau, gardant un souvenir désagréable du film et de son tournage. Il n’empêche que cette charge anarchisante contre l’armée, le pouvoir politique et les dictatures d’opérette à l’époque de la montée des fascismes en Europe demeure un sommet de drôlerie irrévérencieuse : on y retrouve le charme des comédies hollywoodiennes des années 30, avec leurs intermèdes chantés et leur décors luxueux, mis à mal par le mauvais esprit et la grivoiserie de Groucho, l’homme le plus drôle et à la moustache la plus excentrique de l’histoire du cinéma, véritable bourrasque et incongruité vivante accompagnée de ses trois frères, dont le poétique Harpo dont le mutisme permanent et l’expressivité faciale portent la nostalgie du cinéma muet à l’intérieur du parlant.

Olivier Père