Paddy la petite souris

De Linda Hambäck
Suède - 2018 - vf - 61' - Couleurs - Numérique
Synopsis

Tous les animaux de la forêt parlent du temps où rôdait la renarde. Heureusement, voici bien longtemps qu’elle n’a pas été vue.
Pourtant, quand le commissaire Gordon est appelé pour un vol de noisettes, il suspecte à nouveau l’animal tant redouté. Pour démasquer la voleuse, il aura bien besoin de Paddy, la petite souris au flair particulièrement aiguisé…

Une enquête où amitié et respect guident de bien sympathiques héros ; un film qui invite à voir au-delà des apparences, de la peur et des préjugés.

 

Critique

Un vol de noisettes. La disparition d’un œuf de pie. L’enlèvement de bébés animaux. Adaptation des livres jeunesse d’Ulf Nilsson – auteur à succès en Suède –, ce remarquable film d’animation relate l’enquête forestière d’un commissaire crapaud proche de la retraite, flegmatique comme Colombo, et de son adjointe souris, débrouillarde comme la policière de Zootopie. Pour son premier long métrage, Linda Hambäck signe une version junior de polar, en reprenant certains codes du genre : le flic revenu de tout, qui rappelle les héros de « nordic noir » ; le tableau dans le QG de la police, agrégat absurde d’indices qui finit par désigner le suspect n°1 – une renarde.

La grande douceur de Paddy, la petite souris découle d’un rythme apaisant, qui assume la lenteur, et d’une musique éthérée, qui fait la part belle aux métallophones. Mais aussi d’un graphisme délicat : des animaux à la ligne claire, aux couleurs pastels, qui se détachent sur fond de verdure foisonnante. Si la mise en scène est si chaleureuse, c’est qu’elle se focalise sur une multitude d’instants « cocooning » : un feu de bois dans un poêle, une boîte à gâteaux, une tasse de thé. A ce titre, la séquence de pêche à la ligne, avec cabane au bord de la mare, est sans doute la plus émouvante du film.

Autre atout : la morale maline, loin du manichéisme de certaines productions pour enfants. Lors de la formation de sa collègue, le chef évoque une loi de la forêt, qui encourage à la bonté et réprouve la malveillance. Avant d’ajouter : «  Mais ce n’est pas aussi simple qu’il y paraît ». Ayant retenu la leçon, la rongeuse déclare, à propos de la renarde : « J’imagine qu’elle est comme chacun d’entre nous, parfois méchante, parfois gentille ». William Friedkin, dont les polars sont peuplés de personnages tiraillés entre bien et mal, n’aurait pas dit mieux.

 Nicolas Didier, Télérama

Projeté dans le cadre de

Du 26 Septembre 2018 au 22 Mai 2019
Le goût du cinéma pour les enfants