Furie

De Brian De Palma
USA - 1978 - vost - 118' - Couleurs - Numérique
Synopsis
Le père d'un enfant doué de pouvoirs de voyance se met à la recherche de son fils. Celui-ci a été enlevé par une agence de contre-espionnage qui veut utiliser ses aptitudes paranormales à des fins politiques. Il est aidé par une jeune étudiante qui a les mêmes pouvoirs que son fils...

 

 
Critique

Une occasion rêvée pour replonger dans les sortilèges de ce film fascinant, un peu à part et longtemps occulté – à tort – parmi les titres de De Palma. Furie (The Fury, 1978) échappe à toute classification, même si ce thriller fantastique s’inscrit dans un courant paranoïaque illustré par plusieurs films d’espionnage importants de cette époque, et participe aussi à la mode des thrillers surnaturels. Mais De Palma n’est ni Pollack, ni Pakula, ni Richard Donner et transforme cette histoire d’espion laissé pour mort à la poursuite de son fils enlevé par son ancien associé en cauchemar sanglant mêlant télékinésie, complot œdipien, trahisons en tous genre et constat apocalyptique.

Les rebondissements incessants et rocambolesques permettent d’évoquer Hitchcock bien sûr – le motif de l’homme traqué emprunté à La Mort aux trousses – mais aussi les serials muets de Fritz Lang (l’ombre de Mabuse et des Araignées planent sur le film) avec une esthétique expressionniste qui vient pervertir les images banales de l’Amérique contemporaine.

Rarement De Palma aura été aussi inspiré, baroque, excessif, dans la violence visuelle comme dans le pessimisme politique, avec une succession d’épisodes magistralement orchestrés, inventant une mise en scène et une grammaire visuelle hyper sophistiquées où les images sont ralenties, le temps étiré ou disloqué avec de longs et sinueux plans séquences, un savant montage qui entremêle plusieurs temporalités, plusieurs qualités d’images mentales ou réelles. Dans Furie un flash back ou un mouvement de caméra est toujours piégé, investi de forces dramatiques contradictoires, mais toujours d’une beauté à couper le souffle.

Olivier Père, Arte

Projeté dans le cadre de

Du 11 Juillet 2018 au 14 Août 2018
L'Indépendant