Nicolas Bouvier, 22 Hospital Street

De Christoph Kühn
Suisse - 2005 - vofr - 83' - Couleurs - 35mm
Synopsis

En 1955, après avoir sillonné pendant deux ans les Balkans, la Turquie, l’Iran et la moitié du continent asiatique, Nicolas Bouvier, écrivain et photographe, s’installe à la pointe méridionale du Sri Lanka. La chance, qui lui avait toujours souri jusque-là, semble l’avoir quitté. Malade, sans le sou, contraint de vivre dans un simulacre de ville, qui ne semble habitée que par des démons et des insectes, il connaît neuf mois de crise existentielle. Le film nous emmène sur les rives de l’océan Indien et tente de découvrir comment Nicolas en est arrivé là. Ce séjour entouré de mystère débouche sur l’essence même du message de Nicolas Bouvier.

Critique

Au terme d'un voyage de deux ans à travers les Balkans, la Turquie, l'Iran et la moitié de l'Asie, Nicolas Bouvier, 26 ans, arrive dans une petite localité située à l'extrémité sud du Sri Lanka. Nous sommes en 1955. La chance qui a accompagné l'écrivain jusqu'ici, l'abandonne. Il erre sans le sou et comme contraint de traverser une grave crise existentielle.
Durant ce séjour de neuf mois dans cette ville fantôme qui semble n'être peuplée que de démons, de tambours et d'insectes, il se passe en lui quelque chose qui va bouleverser le cours de son existence. Le film entreprend de partir sur les traces de Bouvier et de découvrir ce qui lui est arrivé, à l'époque, sur l'Ile du Sourire.

Le cinéaste zougois Christoph Kühn s'inspire de  Poisson-Scorpion , célèbre récit de Bouvier, dans lequel l'auteur raconte justement son voyage cinghalais de 1955. Un récit qui vous colle à la peau. Comme la chaleur moite de l'Ile «aux mille sourires». «On ne voyage pas, écrit Bouvier, pour se garnir d'exotisme et d'anecdotes comme un sapin de Noël, mais pour que la route vous plume, vous rince, vous essore». Et l'on sort essoré de ce film, de fait.

Film qui mêle documentaire et fiction, dans une atmosphère tropicale, où la mousson et le soleil vous rincent et vous assèchent, tour à tour.
22, Hospital Street est l'adresse de la guest-house, à Galle, où séjourna Bouvier en compagnie de son ami suisse, peintre et photographe, Thierry Vernet. Les deux hommes avaient quitté Genève ensemble, à bord d'une Topolino.
50 ans plus tard, Kühn retrouve l'aubergiste qui accueillit les deux compères, à l'époque. Silhouette chamanique. Hiératique, le témoignage de l'aubergiste émaille le film et accentue un brin le côté «magie noire» du documentaire. Ce qui n'aurait pas déplu à Bouvier...

Le récit de l'écrivain, sa perception métaphysique de l'exotisme, son autodiagnostic d'une déroute qui frise la folie sont ici relayées par la voix off de Jean-Luc Bideau. Le comédien épaule l'écrivain, accablé par un immense chagrin d'amour...

RTS

Projeté dans le cadre de

6 Juin 2018
Nicolas Bouvier, 22 Hospital Street