Les Amants réguliers

De Philippe Garrel
France - 2005 - vofr - 183' - Noir et Blanc
Synopsis

Mai 1968, en France. Un groupe de jeunes gens se retrouve dans une chambre de bonne pour commenter à chaud les événements de la journée de révolte estudiantine. La nuit, tout le petit groupe se remet en route et, derrière les barricades, garçons et filles, survoltés, défient les CRS, symboles de l'ordre rétrograde qu'ils entendent mettre à mal. François, 20 ans, poète, rencontre Lilie, une apprentie sculpteuse. Ensemble, ils vont vivre une grande histoire d'amour, où leurs rêves d'un avenir heureux se mêlent à leurs illusions d'un monde et d'une société meilleurs.

Critique

Dès les premiers plans, Les Amants réguliers passe brillamment le premier obstacle que le cinéma met sur sa route : la reconstitution d'époque. Combien de films pauvres (et Les Amants réguliers n'est pas un film à gros budget) se sont brisés sur les petits détails qui tuent (un code à côté d'une porte des années 1960, une antenne de télévision contemporaine sur un toit).

Il y a peut-être de ces dissonances dans quelque coin de plan, mais on ne les voit pas. On ne voit que les corps et les visages de très jeunes gens, tendus par un appétit insatiable. Ils sont filmés dans un noir et blanc très beau (la photographie est de William Lubtchansky), qui évoque le passé, mais n'appartient qu'au temps de ce film-là, et passent dans les rues d'un Paris un peu intemporel qui évoque les années 1960 (voitures, uniformes) sans sombrer dans l'obsession de la reconstitution.

Thomas Sotinel, Le Monde

***

Avec son magnifique nuancier de noirs et de blancs, ses plans de visages accompagnés au piano, la fluidité de son montage, sa façon de laisser le plan emporter tout, Les Amants réguliers restitue la puissance expressive d'un temps du cinéma où la parole ne lui manquait même pas. Mais si, en dépit de ses nombreux dialogues, Les Amants réguliers est un drame muet, c'est aussi par une sorte d'incapacité à dire de son personnage. Le muet, c'est aussi François (Louis Garrel), un personnage infiniment romanesque de jeune poète, qui rencontre l'amour fou dans la tourmente des événements de Mai 68, et paiera chèrement de ne pas avoir su dire par des mots l'intensité du sentiment qui le tenaille.

Jean-Marc Lalanne, Les Inrocks



Projeté dans le cadre de

Du 9 Mai 2018 au 23 Mai 2018
Le cinéma dans la rue