Pas de printemps pour Marnie

De Alfred Hitchcock
Etats-Unis - 1964 - vost - 130' - Couleurs - Numérique
Synopsis

Mark Rutland sait qu'à chaque nouvel emploi Marnie Edgar déleste ses employeurs. Intrigué par son comportement et attiré par sa fascinante beauté, il l'engage tout de même comme secrétaire-comptable dans sa maison d'édition. Un jour, la jeune femme s'enfuit avec la caisse. Mark s'aperçoit du vol et donne le choix à Marnie entre le mariage ou la dénonciation à la police…

Critique

Marnie est voleuse. Marnie est frigide. Marnie est malade. Elle épouse de force un homme qu'elle a escroqué, qui l'a retrouvée et veut la guérir. Plus que Tippi Hedren (formidable, au demeurant, dans ce rôle que Grace Kelly avait d'abord accepté), c'est Sean Connery qui fascine Hitchcock ; sa virilité presque caricaturale, sa quête obsessionnelle pour protéger sa femme (ou la piéger ?). Lui révéler, en tout cas, des failles qui, visiblement, le troublent et l'excitent. Ici, tout est viol et violence. Même si le dernier plan (un vrai bateau qui, soudain, remplace un décor artificiel) laisse deviner un espoir possible.

Truffaut qualifiait de « grand film malade » cette plongée dans l'inconscient de ses personnages et du sien propre. Il est (presque) constamment passionnant par la douleur lancinante des héros, le poids d'une faute inexpiable que Hitchcock, moraliste puritain, fait peser sur eux. C'est surtout, de ceux qu'il signe en fin de carrière, le film où se dévoile le plus son admiration pour l'expressionnisme de ses débuts. Le rouge — le sang, l'encre — envahit l'écran, comme il submerge l'esprit de Marnie ; il est un personnage à lui tout seul qui exprime les tourments des pauvres créatures que le cinéaste contemple sans aménité. Marnie est l'un des films les plus cruels de Hitchcock. Son dernier vraiment grand.

Pierre Murat

Projeté dans le cadre de

Du 29 Janvier 2018 au 7 Mars 2018