L'état contre Fritz Bauer
En 1957, le juge Fritz Bauer apprend qu'Adolf Eichmann se cache à Buenos Aires. Les tribunaux allemands préfèrent tourner la page plutôt que le soutenir. Fritz Bauer décide alors de faire appel au Mossad, les services secrets israéliens…
Fritz Bauer donc. procureur général à Francfort certes, mais aussi juif et homosexuel. Pas très bien vu dans la RFA d’alors qui n’avait toujours pas aboli le fameux paragraphe 175 du Code civil, acharné à punir sévèrement les relations dites contre nature.
Dans le collimateur de l’auteur, l’administration Adenauer infestée d’anciens nazis, recyclés à des postes clés. Le secrétaire d’État ? Un ancien membre du parti national-socialiste ! Le chef de la police ? Tel cadre de Mercedes ? Même engeance. Tous attelés à enterrer ce qui pourrait entacher l’image de la reconstruction. Au placard Rosa Luxembourg ! Vive la restauration, dût-elle étouffer la révolution.
Intimement liées, petite et grande Histoire, héros réels et personnages de fiction, faits historiques et virages romanesques liés à l’atmosphère délétère et au climat de paranoïa ambiants.
Une leçon d’Histoire dénuée de dogmatisme. Le portrait d’un homme en colère qui n’avait de cesse de confronter le peuple allemand à son passé. Un film de combat, un de ces plaidoyers pour l’insoumission, si utiles de nos jours, lorsque la tyrannie revient pointer son vilain museau. Un récit-enquête mené comme un polar de série B, naviguant entre ombre et lumière. Légèrement trouble, constamment efficace. Filmé et photographié avec soin. Du cinéma utile, comme on aimerait en voir plus souvent.
PHL, La Voix du Nord