The Saddest Music in the World

De Guy Maddin
Canada - 2003 - vost - 100' - Noir et Blanc - 35mm
Synopsis

Winnipeg, au Canada, en 1933, au cœur de la Grande Dépression. Lady Port-Huntly, baronne locale de la bière, bien décidée à profiter de la fin proche de la Prohibition, lance le concours de la musique la plus triste du monde…

Critique

Un mélodrame surréaliste de Guy Maddin nourri par l'histoire des cinémas américain et européen.

Etabli à Winnipeg, cité perdue au milieu de la prairie, Guy Maddin y réalise depuis une quinzaine d'années des films étranges, nourris de l'imagerie du cinéma muet, flirtant avec le kitsch et la tragédie. En 2001, Maddin a trouvé des producteurs plus fortunés qu'à l'accoutumée, et a tourné The Saddest Music in the World, adapté d'un scénario original du romancier Kazuo Ishiguro, interprété par deux vedettes internationales, Isabella Rossellini et Maria de Medeiros. (...) 

Tournée dans un noir et blanc expressionniste entrecoupé de quelques séquences oniriques aux couleurs artificielles, cette histoire que l'on vient à peine d'esquisser prêtera facilement à rire et à sourire.

D'autant que Guy Maddin, encyclopédie vivante des débuts du cinéma, sait toujours quel cliché utiliser au moment opportun, que l'écran se peuple d'indigènes écoutant l'appel au concours à la radio ou que le vil imprésario tente de renouer avec sa maîtresse cul-de-jatte dans un décor de comédie hollywoodienne des années 1930.

Ce décorum pourrait faire parfois oublier que Maddin n'est pas seulement virtuose et amusant. Son amour du cinéma est plus profond, et l'on peut aussi lire ce mélodrame surréaliste comme la complainte d'un enfant bâtard, écartelé entre les deux histoires du cinéma, l'européenne et l'américaine. Les deux frères qui concourent pour le titre de musicien le plus triste sont les incarnations de ces deux familles, entre lesquelles Maddin a créé un monde à lui, un espace dans lequel il construit une oeuvre dont la bizarrerie éblouit, mais peut aussi, pour peu qu'on lui prête l'attention qu'elle mérite, émouvoir.

Thomas Sotinel, Le Monde

 

 

Projeté dans le cadre de

Du 23 Septembre 2017 au 24 Septembre 2017
Rencontre avec Yves Montmayeur, un documentariste cinéphile et iconoclaste