Le poids du déshonneur

De Barbet Schroeder
Etats-Unis - 1996 - vost - 108' - Couleurs - 35mm
Synopsis

La famille Ryan vit en paix dans une petite ville du Massachusetts. Mais un soir, le fils disparaît. Au même moment, la police annonce aux parents que sa petite amie a été retrouvée morte. Le père détruit les preuves qu’il découvre, prêt à tout pour sauver son fils. Lorsqu’il est retrouvé et arrêté, l’adolescent reste muet, puis finit par raconter ce qui s’est réellement passé. Alors que la ville se déchaîne contre elle, la famille se déchire : faut-il dire la vérité ?

Critique

Tant qu’on n’est pas parvenu au dernier plan, il est en principe difficile d’établir si c’est le récit, ou bien la dramaturgie, ou bien le projet formel qui gouverne un film. Celui de Barbet Schroeder prolonge une tradition perdue d’Hollywood, que la télévision n’a reprise qu’en la privant de sa complexité : la tradition prosaïque, fondée à la fois sur la dramaturgie et sur le récit. En exposant le cas de conscience qui divise une famille, à travers les émotions, les actions, les paroles de chaque personnage, il reprend au téléfilm son bien d’origine et construit le récit dans la tradition premingerienne (en sa problématique : faut-il dire la vérité ou bien jouer le jeu du système judiciaire et mentir ?), qu’il confronte avec une dramaturgie dont la tension évoque Richard Brooks, Ray, ou Minnelli. C’est probablement aussi cela qui a fait scandale, cette façon de replacer la division d’une famille en plein cinéma – et de rappeler, par un simple acte de présence cinématographique, que Hollywood fut ce mélange généreux entre spectacle et débat civique, et qu’il est devenu héroïque de faire nettement mieux que l’académisme insipide d’un Sidney Lumet. 

Jean-Claude Biette, « Le Gouvernement des films », Trafic, n°25, printemps 1998

Projeté dans le cadre de

Du 14 Juin 2017 au 4 Juillet 2017
L'explorateur