LA VIE DE BOHÈME

De Aki Kaurismaki
France, Finlande - 1992 - vf - 102' - Noir et Blanc
Synopsis

Auteur dramatique désargenté, Marcel Marx partage au restaurant un maigre repas avec le peintre albanais Rodolfo, et tous deux font connaissance du musicien irlandais Schaunard. La misère est le lot commun des trois amis…

Critique

Lorsque l'écrivain entend du piano, il dit “ Quelqu'un joue du violon ” et c'est à la gare d'Austerlitz que Mimi prend le train pour Strasbourg… Le film abonde ainsi en fausses informations qui complètent les formes d'humour présentes dans tout film d'Aki Kaurismaki : formes décalées ou laconiques, clins d'œil et dérision, lenteur des gags qui, avec l'aspect figé et vide imposé aux acteurs comme aux images concluant certaines séquences, contribuent à ce style original mêlant l'humour et la distance à l'émotion, pour mieux annihiler, sans doute, le pathétique. L'image de Paris construite par la mise en scène fonctionne comme un cadre populiste hors du temps malgré le contraste entre les immeubles bas de Malakoff visiblement promis à la démolition et la fermeture de l'horizon par de grands immeubles modernes. Le choix du noir et blanc et un travail sur les éclairages qui semble parfois pasticher les films anciens contribuent fortement à l'ambiance où se meuvent des personnages d'âge mûr, sympathiques tout en ayant visiblement raté leur vocation créative. Les dialogues eux-mêmes participent à ce curieux effet d'étrangeté depuis les textes dits par André Wilms largement issus de l'époque du livre dont le film est l'adaptation, jusqu'aux accents dissemblables des deux acteurs finlandais, solennels ou brutaux dans leur articulation de la phrase française.

Daniel Sauvaget

Projeté dans le cadre de

Du 15 février 2017 au 9 Mars 2017
Comédies et nostalgie