ariel
Un chômeur quitte le nord de la Finlande pour rejoindre Helsinki. Dépouillé dès son arrivée, il survit de petits boulots en petits boulots. Il tombe amoureux d'une jeune mère célibataire, mais est injustement emprisonné après avoir corrigé son agresseur...
Précédé du court-métrage Valimo (2007, 4')
Le quatrième film d'Aki Kaurismaki est dédié « au souvenir de la réalité finlandaise ». Cette réalité était celle du pays avant la mondialisation, et le cinéaste lui fait des adieux bouleversants dans l'admirable première séquence, récit en quelques plans muets (mais à la bande-son d'une grande richesse) de la fermeture d'une mine de charbon. Dans la (mauvaise) « fiction » qu'est devenue la Finlande au temps du libéralisme, l'Etat providence a disparu au profit d'un Etat policier. Pour s'en sortir, les gens de peu ne peuvent compter que sur la solidarité des sans-grade et sur l'amour. Kaurismaki glisse ainsi du constat documentaire un peu étriqué vers un réalisme poétique ouvert à la comédie noire et à l'appel du large. Il y a des rêves d'Amérique dans Ariel - la Cadillac que conduit le héros, l'évasion et le hold-up mis en scène comme dans les films noirs hollywoodiens, la mélodie du Magicien d'Oz... Mais aussi un cargo symbole de jours meilleurs, illuminé comme le féerique paquebot Rex en partance pour le Nouveau Monde dans Amarcord, de Fellini. Ne ratez pas ce film rare, « aussi sombre et beau qu'un soir de septembre », selon son auteur.
Samuel Douhaire, Télérama