Telefoni Bianchi

De Dino Risi
Italie - 1976 - vost - 120' - Couleurs - Numérique
Synopsis

1935, Venise. Marcella, femme de chambre, est fascinée par le tout nouveau Festival du cinéma. Elle quitte Venise et son fiancé Roberto pour aller à Rome rejoindre Luciano, secrétaire de production. Un bout d’essai plus tard, elle rencontre Bruno, un lieutenant fasciste, et sa carrière est lancée…

Critique

Tout le film de Risi est une réflexion sur la prétendue innocence du ciné­ma, par rapport à une réalité socio-politique donnée. Réflexion par le rire, bien entendu : il y a longtemps que Risi a choisi ce point de vue, donnant ainsi à la comédie italienne ses lettres de noblesse. Le canevas du film lui-même est celui de la comédie la plus classique : l’héroïne va de surprise en surprise sur la voie de la réalisa­tion de son rêve, tandis que le héros passe son temps à se faire envoyer comme « volontaire » en Espagne, en Abyssinie, à El Alamein et, pour finir, en Russie... Mais le « discours » qui sous-tend cette farce est très clair. Marcella, toute à son rêve, est complètement inconsciente de ce qu’elle fait réelle­ment. Etre maîtresse du Duce n’est pour elle que l’occasion rêvée d’aller devant une caméra. Actrice, elle enfile des films à téléphones blancs les uns à la suite des autres sans se soucier le moins du monde de ce qui se passe derrière les murs de Cine­citta. Et c’est tout aussi « innocemment » qu’elle est la vedette de la première coproduction italo-nazie. Il suffit à Risi de quelques plans brutaux pour nous ramener à la réalité. (…) Dans cette « comédie », le regard de la jeune juive trahie vous arrive comme un coup de poing en pleine figure. C’est aussi la mort pitoyable et pathétique de Vittorio Gassman, ex-acteur célèbre de « téléphones blancs », et qui tourne, en pleine déroute, un film de propagande fasciste. Des moments de cinéma inoubliables, qui vous poursuivent : longtemps. (…) Aux innocents les mains sales... A l’autre extrémité, il y a Roberto, le fiancé malheureux, l'éternelle victime, qui ne comprendra jamais ce qui lui arrive, et subit tous les contrecoups des folies du fascisme. Entre les deux : la lucidité, l’esprit critique et le sens de ses responsabilités. Qualités dont Dino Risi, cinéaste, a, plus qu’aucun autre, su faire preuve depuis maintenant trente ans. Même si c’est en les habillant des oripaux d’Arlequin..."

Alain Remond, 22/09/1976

Projeté dans le cadre de

Du 21 Décembre 2016 au 10 Janvier 2017
L'Ironie de l'Histoire
Du 24 Août 2022 au 13 Septembre 2022