Il Sorpasso

De Dino Risi
Italie - 1962 - vost - 104' - Noir et Blanc - Numérique
Synopsis

Dans une Rome désertée au cœur de l’été, Bruno, séducteur extraverti à la recherche d’un téléphone, croise le chemin de Roberto, étudiant timide et complexé, qui lui prête le sien. Pour le remercier, Bruno invite Roberto à faire un tour dans sa voiture de sport…

Critique

L’originalité du Fanfaron repose sans aucun doute sur la création d’un couple antithétique incarné par deux acteurs parfaitement taillés pour ces rôles. Si le scénario avait été originellement écrit pour Alberto Sordi, le couple formé par Trintignant et Gassman – le petit blond réservé et le grand brun extraverti – fait des étincelles. Vittorio Gassman livre ici une prestation éblouissante, en beau parleur infatigable, cynique et si attachant, qui à la fois fascine et énerve ce jeune étudiant à la tête sur les épaules, si touchant lui aussi, mais un peu coincé dans une éthique petite bourgeoise faite de retenue et de conformisme. Dino Risi, Ettore Scola et Ruggero Maccari ont concocté un scénario rythmé qui embarque le spectateur dans la dynamique de ce duo comique, de saynètes en saynètes, presque toujours terminées par une pointe comique débitée avec maestria par un Gassman cynique et fin rhéteur.

La force de la comédie à l’italienne réside bien souvent dans la capacité de ses réalisateurs à dessiner des personnages complexes, éloignés de la caricature ou du manichéisme parfois nécessaires au comique. Dans Le Fanfaron, Dino Risi parvient à tirer un parti comique de l’opposition entre ses deux protagonistes, tout en évitant néanmoins de verser dans le schématisme (...). Le titre français du film, Le Fanfaron, perd une grande partie des connotations du titre originelIl Sorpasso, « le dépassement ». Véritable road-movie italien, Le Fanfaron raconte aussi l’histoire d’un voyage initiatique, celui qu’accomplit Roberto en compagnie de Bruno, sorte d’anti-figure paternelle dont pourtant le franc-parler, le sans-gêne absolu et une certaine finesse psychologique conduisent le jeune étudiant à sortir d’une enfance un peu illusoire et à mettre en doute des schémas petits-bourgeois qu’il n’avait jamais questionnés. Anti-figure paternelle, Bruno l’est d’autant plus qu’il a lui-même une fille, Lilly (Catherine Spaak), dont il s’est si peu occupé qu’elle s’apprête à se marier avec un homme de soixante ans, selon un schéma clair de projection psychanalytique… Dino Risi joue avec nos certitudes, sans en créer d’autres, et l’on serait bien incapable de décider de la nature positive ou négative de l’influence de Bruno sur Roberto.

Anne-Violaine Houcke, Critikat

Projeté dans le cadre de

Du 21 Décembre 2016 au 10 Janvier 2017
L'Ironie de l'Histoire
Du 24 Août 2022 au 13 Septembre 2022