Le Cercle

De Jafar Panahi
Iran - 2000 - vost - 87' - Couleurs
Synopsis

Film charnière dans la filmographie de Jafar Panahi, Le Cercle, son troisième long métrage, le voit s’affranchir des « films d’enfants » et de l’influence d’Abbas Kiarostami pour aborder frontalement la problématique de la condition des femmes en Iran. Plusieurs destins s’entrelacent : d’anciennes détenues, des mères célibataires, des prostituées courent, fuient, se cachent. Servi par une mise en scène vertigineuse et des actrices admirables, le film dénonce le joug patriarcal auquel doivent se soumettre quotidiennement ces femmes. À l’aide d’une boucle narrative inexorable qui se déroule sur une journée, Jafar Panahi fait surgir des figures autrement noyées à jamais dans la masse. C’est à partir de ce film que Panahi est considéré par les autorités iraniennes comme un cinéaste à surveiller et elles feront tout pour que le tournage n’ait pas lieu.
« Au lieu d’en débattre, le régime enfouit ces plaies sociales sous le couvercle du silence, analyse Panahi. Mon devoir de cinéaste m’imposait de les traiter. Je l’ai fait. »
Le film a obtenu le Lion d’or à la Mostra de Venise en 2000.

Précédé par L'Accordéon (2010, 8')
(copie généreusement prêtée par Art for the World) 

Critique

Le cercle est une figure que j’affectionne particulièrement et qui convient parfaitement à la société dans laquelle nous vivons.La structure circulaire de mes films permet à la fois de dénoncer l’enfermement de la société iranienne et l’énergie que déploient les personnages pour, sinon en sortir, du moins élargir la circonférence de ce carcan.

Jafar Panahi, Le Monde, 25/02/2004, propos recueillis par Jacques Mandelbaum

 

Le titre du film de Panahi est l’un des plus parfaitement désespérés qui soient : il décrit à la fois une forme, une promesse et un échec. Il est le signe d’un lieu intenable. En persan, la lettre qui dit le cercle se dessine en circonvolutions, en anneau de Möbius dont seul un élan intérieur viendra briser la logique implacable d’enfermement. Ainsi va la forme cinématographique du film : une déambulation angoissée, une ligne de fuite, une dérive à travers les regards, une quête des possibles. À la façon d’un relais, les filles se croisent pour s’emparer du récit. Fugitives de la parole, elles inventent une circulation des causes. Chaque plan dessine ce cercle, se noue à lui. Chaque femme reprend à son compte la perpétuité de cette courbe, en accuse le trait ou au contraire espère faire en sorte qu’il apparaisse enfin comme un noyau de résistance. Au coeur de cela, la caméra-amie de Jafar Panahi accomplit sa révolution, tourne à 360 ° sur elle-même, quitte le monde des hommes pour pénétrer dans la zone des prisonnières.

Philippe Azoury, Libération, 31/01/2001

Projeté dans le cadre de

Du 30 Novembre 2016 au 13 Décembre 2016
Un cinéma de la liberté