Perfetti sconosciuti

De Paolo Genovese
Italie - 2016 - vost - 97' - Couleurs - Numérique
Synopsis

Chacun de nous a trois vies : une vie publique, une vie privée et une vie secrète. Il fut un temps où notre vie secrète était bien protégée, archivée dans notre mémoire. À présent, elle est dans notre carte SIM, mais qu'arriverait-il si cette dernière se mettait à parler ?

Critique

Il se passe beaucoup de choses au cours d’un dîner, à la maison, où participent sept amis (trois couples et un fiancé potentiel mais non accompagné. Cela n’arrête pas. Dans Perfetti sconosciuti, il y a des instants, des actions du film qui s’impriment d’abord dans les tripes puis dans l’esprit. Parce que ces péripéties sont intenses, réelles, des moments de cinéma à ne pas sous-estimer. Et cela même (voire «parce que») nous ne sommes pas dans un film de Woody Allen, ni de Bergman, ni dans Carnage ni dans un film français du genre Le Prénom : Paolo Genovese et ses co-scénaristes le savent très bien ; et ils marquent justement les différences : elles sont de classe, d’approche et d’aspirations. On n’oublie pas (sans entrer dans les détails) le visage, les paroles et les gestes de Valerio Mastandrea qui fait face à un gigantesque équivoque qu’il a lui-même provoqué ; par exemple lorsqu’il comprend ce qu’il est en train de se passer ; ou lorsqu’il regarde à la va-vite Giuseppe Battiston et qu’il continue de faire semblant, tout en sachant très bien qu’il serait beaucoup plus facile, à ce moment-là, de dévoiler les cartes. (…) Car Perfetti sconosciuti est un film méchant. Et qu’elle soit toujours louée, cette méchanceté ! (…) Parce que, peut-être plus qu’un film sur les fantasmes et les épées de Damoclès qui planent sur le couple, Perfetti sconosciuti est un film sur l’amitié (…). Et, sous-jascent, il s’agit d’un film sur l’hypocrisie de la société italienne qui passe par des postures, bien sûr, mais également par le langage. L’hypocrisie d’un politiquement correct qui, dans le film de Genovese, croise le fer sans esbrouffe, en  lui laissant de l’espace, avec un franc-parler, effronté et léger, vulgaire et pudique, chargé de rancœur, de douleur, d’affect. Duel qui gravite autour d’une table, dans un esprit résolument «scolien».

Federico Gironi

 

Projeté dans le cadre de

1 Novembre 2016
Perfetti sconosciuti