Drame de la jalousie

Ettore Scola s'autorise toutes les audaces ! Non seulement la construction temporelle du film pulvérise les règles, mais les personnages n'hésitent pas à interrompre régulièrement leurs faits et gestes pour livrer le fond de leur pensée au spectateur. Ne pas en conclure que Scola cher­che à démontrer des quali­tés quelconques de cinéaste avant-gardiste... En fait, avec cette curieuse aventure romanesque, il s'amuse à analyser les contradictions de ses protagonistes et, à travers eux, celles de la société italienne de l'époque.

Un maçon romain, Oreste, a assassiné Adélaïde, une jolie fleuriste qu'il aimait passionnément. Sur les lieux du crime, alors que la police effectue une reconstitution, Oreste se souvient de son idylle... Pour être militant communiste, Oreste n'en demeure pas moins attaché aux traditions conjugales ancestrales. Du coup, quand sa compagne cède aux avances d'un séduisant pizzaiolo, notre homme devient fou. A la fois fantaisiste et lucide, mêlant avec bonheur les ­envolées imaginaires et les scènes en demi-teinte, Ettore Scola fait preuve d'une étonnante subtilité formelle. Il est formidablement aidé dans sa tâche par Marcello Mastroianni et Monica Vitti, qui contribuent pour beaucoup à la réussite de ce film énergique et loufoque.

Olivier De Bruyn, Télérama