MASTERCLASS Esen Isik

Rencontre avec Esen Isik - Köpek

Köpek, ce titre qui nous permet de maîtriser au moins un mot de la langue turque, signifie chien, et nous graverons ce mot d'autant plus dans nos mémoires que ce petit köpek du film tissue un fil narratif essentiel aux dimensions d'un drame inéluctable. Il ne peut être fait de mal à un chien. D'une rare élégance, comprenons d'une construction scénaristique élaborée s'employant à inscrire des destins individuels dans les réalités de la Turquie contemporaine, le récit met en perspective des personnages, qui vont se fracasser dans les rets d'une culture patriarcale, misogyne, homophobe et dont les expressions les plus archaïques sont faites de violences suucidaires.

Deux copains au seuil de l'adolescence vendent dans la rue des mouchoirs en papier, un couple adulte est pétrifié dans son impuissance à partager une relation épanouie et une jeune beauté transsexuelle est en deuil d'un amour interdit; toutes ces figures solitaires et tragiques sont prises dans des parcours, que la réalistrice noue progressivement pour expliciter sans complaisance ni démonstrative ni moralisatrice les dimensions mortifères de la société turque contemporaine.

Il est rare dans les payages actuel des fictions trop souvent occupées à filmer docilement leurs modestes scénarios, de découvrir un premier long métrage mis en oeuvre avec autant de clairvoyance. Les personnages et les dialogues qui leur sont prêtés, les visions que déploient la mise en scène et le montage et la place occupée par les corps désirants et inhibés dans des espaces intimes et publics composent un tableau d'une réalisme impressionnant. Un film comme un état de conscience contemporaine, inquiète et engagée. Avec Esen Isik, nous souhaitons parcourir et commenter les différentes étapes de son travail pour dégager les principales convictions, questions et réponses qui ont fait le lit de Köpek.

Jean Perret

> Mardi 15 mars à 17h

> Modération: Jean Perret, responsable du Département Cinéma /Cinéma du réel de la HEAD - Genève // Tom Gerber, professeur au Département Film de la ZHdK