La splendeur des Amberson

De Orson Welles
Etats-Unis - 1942 - vost - 88' - Noir et Blanc
Synopsis

De retour dans sa ville natale après vingt ans d'absence, Eugene Morgan assiste à un bal donné par le riche clan des Amberson. Il y retrouve son amour de jeunesse, Isabel, qu'il aime toujours. Sa fille Lucy tombe amoureuse de George, le fils d'Isabel, mais la splendeur des Amberson n'est pas plus qu'une apparence...

Critique

(...) La Splendeur des Amberson demeure un chef-d’œuvre, une magistrale leçon de mise en scène et un magnifique portrait d’une Amérique au tournant du siècle. Le film nous conte les destins croisés de deux familles à l’orée du XXème siècle. D’un côté les Amberson, famille de riches héritiers, orgueilleuse et arc-boutée sur ses préceptes sociaux, qui s’écroule de l’intérieur suite à son incapacité à contrôler un monde en pleine mutation. De l’autre, les Morgan qui font fortune et symbolisent les classes émergentes qui vont bientôt contrôler le pays. Cet espace familial clos permet au cinéaste de transposer sur quelques individus les tensions et les enjeux de la société toute entière. Il lui offre également la possibilité d’exacerber les liens entre les personnages et, peut-être, de parle de sa propre enfance. Comment ne pas voir dans le personnage d’Eugene Morgan le propre père de Welles, tous deux étant animés de la même passion pour les automobiles ? Comment ne pas voir dans le portrait de ce fils qui veut confisquer sa mère les propres rapports liants Welles à la sienne ? La splendeur n’est pas seulement à l’œuvre chez les Amberson , elle illumine tout le film. Les longs plans séquences majestueux, minutieusement chorégraphiés, scrutent les visages, les attitudes, mettent en lumière un monde caché, tissent des liens profonds entre les personnages. Les décors déséquilibrés, la composition des cadres, les jeux d’ombres et de lumières, donnent tension et relief aux drames intimes. Welles préfère aux dialogues explicatifs les cadres, les mouvements d’appareils, la chorégraphie des gestes. La maîtrise totale de sa mise en scène lui donne bien entendu raison : nul discours dans un film ne pourrait nous plonger dans la profondeur émotionnelle qui ici nous submerge. 

Olivier Bitouin, TVClassik

Projeté dans le cadre de

Du 16 Décembre 2015 au 5 Janvier 2016