Résistance naturelle

De Jonathan Nossiter
France, Italie - 2014 - vost - 85' - Couleurs
Synopsis

Dix ans après Mondovino, Jonathan Nossiter revient sur les changements radicaux qui ont transformé le monde du vin. Dans Natural Resistance, il nous met dans les pas de quatre viticulteurs italiens qui vivent la vie qu'ils ont rêvée. Pour réussir dans leurs projets d'économie durable et écologiquement compatible tous ont du affronter une féroce réaction du système. Ils nous offrent ainsi un modèle de résistance joyeuse.

Critique

Le film s'ouvre sur La Chute d'Icare, le tableau de Bruegel l'Ancien. Condamnation de l'orgueil humain ? Ou célébration du courage d'un rebelle ? Jonathan Nossiter ne fait aucun commentaire, mais c'est, naturellement, vers la seconde option que son coeur et son film penchent. Son Icare a pour nom Stefano Bellotti, vigneron piémontais à la langue bien pendue, qui refuse les règlements liberticides et continue de produire son vin de la façon la plus simple et la plus saine qui soit : sans herbicide, ni pesticide, ni rien du tout. Du vin dit « naturel », car simplement composé de jus de raisin fermenté.

Dix ans après Mondovino, le réalisateur ne repart pas en guerre contre l'industrie chimique. Il fait, modestement, un pas de côté pour rendre hommage à ses amis frondeurs. Caméra (toujours aussi vibrante...) au poing, il les suit dans les vignes, s'attable avec eux, sous le soleil de Toscane ou des Marches. Et les écoute déplorer l'aberration d'une Europe « protectionniste » qui tolère qu'à peine dix pour cent des jambons de Parme soient ­fabriqués en Italie.

Pour éviter l'entre-soi, élargir son propos et sortir de l'ornière du militantisme pur et dur, le cinéaste-sommelier fait habilement dialoguer culture et agriculture en injectant dans son documentaire une quinzaine d'extraits de films (de Chaplin, Oshima, Pasolini, Monicelli, Bresson) ayant un lien avec la résistance à l'ordre établi et les rapports ambivalents que l'homme entretient avec la nature. Gianluca Farinelli, le directeur de la Cinémathèque de Bologne, vient ainsi rappeler la nécessité de lutter contre la standardisation du goût, qui guette le vin comme les films. Pour mieux vivre au présent, il faut connaître et préserver le passé. Requinqué par l'insolence de ces vignerons, on mesure à quel point l'hédonisme est, plus que jamais, un sport de combat.

Jérémie Couston, Télérama

Projeté dans le cadre de

Du 4 Décembre 2015 au 6 Décembre 2015