Anime nere

De Francesco Munzi
Italie - 2014 - vost - 103'
Synopsis

Luigi et Rocco, fils d’un berger proche de la ’Ndrangheta, la mafia calabraise, sont dans le trafic international de drogue. Luciano, le troisième frère, est berger comme son défunt père assassiné par une famille rivale. Il s’occupe des terres familiales et a décidé de rester à l’écart des activités de ses frères. Malgré ses efforts pour protéger ses proches de cet héritage de violences et de rancoeurs, son fils Léo est attiré par ce monde où la loi du sang et le sentiment de vengeance sont maîtres.

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Critique

Un film italien de plus sur la mafia ? Certes, mais qui se dis­tingue du tout-venant grâce à sa volontaire démystification : il traite davantage de vulnérabilité que de toute-puissance... Nous sommes à Africo, village perdu de Calabre, à la fois arriéré et hyper connecté, plaque tournante et florissante de la terrible organisation mafieuse, la 'Ndrangheta. Luciano, éleveur de brebis, s'absorbe dans l'entretien des terres familiales. Depuis que son père a été assassiné, il fait le mort. Il tente d'échapper à la violence et aux rivalités qui gangrènent la région, tandis que ses deux frères, eux, sont impliqués dans le trafic de drogue. Luciano cherche surtout à protéger son jeune fils, hélas engagé sur une mauvaise pente.

C'est le tableau sombre d'une famille en apparence unie, mais qui se déchire. Vue de l'intérieur, la mafia ­apparaît divisée, rongée par les con­flits fratricides. En mêlant parfaitement ­comédiens professionnels et amateurs, le réalisateur (remarqué avec Saimir) colle à la réalité âpre et rude de l'Aspromonte, cette région montagneuse de Calabre où l'on ne parle quasiment qu'en dialecte. Malgré son intrigue un peu sommaire, le film captive par sa densité, sa tension souterraine, sourde, constante. Qui explose littéralement au cours du bain de sang final, pour le coup original et, paradoxalement, libérateur.

Jacques Morice, Télérama