Invasion of the Body Snatchers

De Don Siegel
Etats-Unis - 1956 - vost - 80' - Noir et Blanc
Synopsis

Santa Mira, une petite ville de Californie. Un jeune médecin, Miles Bennell, et son confrère psychiatre, le docteur Kauffman, constatent des changements étranges dans le comportement de leurs concitoyens. Certains d'entre eux ne reconnaissent plus leurs proches parents. Appelé par son ami Jack Belicec, Miles découvre un cadavre au visage inachevé, ressemblant étrangement à celui de Jack. Dans la serre de celui-ci poussent d'étranges cosses, renfermant d'autres corps. Miles commence à soupçonner l'horrible vérité...

Critique

Nulle ride n'est apparue sur ce classique de la science-fiction daté de 1956, au noir et blanc aussi scintillant (merci à Ellsworth Fredericks, directeur de la photo), aux cadrages graphiques, à la musique impétueuse (merci au piano percutant de Carmen Dragon). Efficacité, réalisme et sobriété caractérisent la conduite du récit, fondé sur une parano galopante. Son suspense et son rythme soutenu le rapprochent d'un thriller, sans effets spéciaux ou presque. La seule bizarrerie, ce sont les cosses géantes venues d'ailleurs. Les envahisseurs ne naissent pas dans les choux mais émergent, tels des insectes d'une chrysalide, de ces sortes de haricots géants que le médecin se résout un moment à brûler.

Réalisé au lendemain d'une chasse aux sorcières qui gangréna tout Hollywood, le film s'en fait sans doute l'écho. Davantage d'ailleurs pour la condamner — le scénariste de talent, Daniel Mainwaring, était notoirement progressiste — que pour se faire le chantre de l'anticommunisme sur fond de guerre froide, comme certains ont pu l'avancer. Ce que Don Siegel dénonce plutôt, c'est l'uniformisation de la pensée, l'embrigadement sous toutes ses formes, l'absence d'affects, celle-là même qui caractérise les clones, inexpressifs, indifférents. Le film, avant tout allégorique, offre de toute façon des interprétations multiples, d'où sa richesse. Et aussi sa capacité à susciter des remakes, chacun étant plus ou moins le reflet de son époque. On n'en compte pas moins de trois, l'un de Philip Kaufman daté de 1978 (avec Donald Sutherland et Jeff Goldblum), un autre d'Abel Ferrara (1993) et un dernier d'Oliver Hirschbiegel (2007).

Jacques Morice, Télérama

Projeté dans le cadre de

Du 19 Août 2015 au 1 Septembre 2015