The Osterman Weekend

De Sam Peckinpah
Etats-Unis - 1983 - vost - 102' - Couleurs
Synopsis

Le présentateur d'un journal télévisé est impliqué dans une enquête de la CIA. Ignorant jusque-là les activités illicites de trois de ses amis engagés dans le KGB, il accepte d'aider les deux agents de la CIA à démanteler le groupe.

Critique

Peckinpah se retrouve un peu comme ses personnages de La Horde sauvage : acculé par un sujet sur lequel il n’a aucun contrôle et par les studios, mais debout quand même avec ses propres valeurs. Cette fois, l’ennemi aux portes, ce sont la technologie, la télévision et le devenir télévisuel du monde, comme l’illustrent les premiers plans du film, montrant un meurtre filmé par une caméra de surveillance. En bon cow-boy, Peckinpah fait de la résistance et oppose à la vidéo et aux fusils à tir infrarouge des solutions plus old school, comme arcs, arbalètes et karaté – on rappellera le précédent Tueur d’élite, étonnant film de ninjas, ces autres chantres de la violence artisanale. Peckinpah se paie même le luxe de citer un autre de ses chefs-d’œuvre, Les Chiens de paille : on retrouve une maison isolée, où la violence est susceptible de se réveiller à tout moment. Peckinpah reste donc, sous l’oeuvre de commande un peu lasse, fidèle à lui-même tout en se renouvelant : l’univers parano, la manipulation, les faits à réinterpréter et la télésurveillance ne sont pas bien sûr sans évoquer De Palma (qui essayait alors de se renouveler lui aussi avec Scarface). Mais là où l’auteur de Blow Out risque d’être fasciné par ses tours de passe-passe, Sam Peckinpah adresse un bras d’honneur au système : chez lui, la manipulation des sons et des images est un rappel douloureux du charcutage/ remontage de ses propres films (comme Major Dundee et Pat Garrett et Billy le Kid) par des studios frileux. Osterman Week-End n’échappera pas à la règle.

Léo Soesanto, Les Inrockuptibles

Projeté dans le cadre de

Du 19 Août 2015 au 1 Septembre 2015