Rush

De Ron Howard
Royaume-Uni, Allemagne - 2013 - vost - 123'
Synopsis

RUSH retrace le passionnant et haletant combat entre deux des plus grands rivaux que l’histoire de la Formule 1 ait jamais connus, celui de James Hunt et Niki Lauda concourant pour les illustres écuries McLaren et Ferrari. Issu de la haute bourgeoisie, charismatique et beau garçon, tout oppose le play-boy anglais James Hunt à Niki Lauda, son adversaire autrichien, réservé et méthodique. RUSH suit la vie frénétique de ces deux pilotes, sur les circuits et en dehors, et retrace la rivalité depuis leurs tout débuts.

Critique

Premier film que l’Américain Ron Howard réalise en dehors du système des studios, dont il a longtemps été un simple faiseur anonyme, c’est aussi son plus personnel, celui qui manifeste enfin une singularité, un point de vue.

A l’origine de ce captivant race-movie, il y a donc la passion du cinéaste pour les courses automobiles, un penchant fixé dès son enfance, à l’époque des seventies, dans laquelle s’inscrit ce biopic inspiré de la rivalité féroce que se menèrent deux champions toqués de Formule 1. Ils s’appelaient James Hunt et Niki Lauda, gravirent ensemble les marches du succès et devinrent, au milieu des années 70, parmi les plus célèbres frères ennemis de l’histoire du sport, livrés à un duel à mort sur leur terrain de jeu.

Le premier était blond, athlétique, dandy séducteur dopé au risque et à la coke (c’est Chris Hemsworth, aka Thor, qui l’incarne idéalement) ; le second était un cynique fils de riche, insensible et obsédé par la gagne (c’est Daniel Brühl, moins antipathique qu’à l’accoutumée).

Dans un souci plutôt élégant de reconstitution vintage, tout en filtres jaunes et scansions glam-rock, le film déploie les histoires croisées de ces idoles selon la grammaire la plus usée du biopic, mêlant les scènes de courses aux bourrasques intimes, la splendeur des champions à l’ordinaire des hommes. Le parcours est certes classique, semé d’embûches orchestrées par un scénario rudimentaire, mais la force de Rush tient à sa manière de déborder la simple dialectique entre l’insouciance de son héros casse-cou et la rationalité de l’autre.

Ce qui intéresse Ron Howard, qui a visiblement choisi son camp, c’est la vitesse, l’euphorie des courses, le souffle du risque. Ainsi, le film s’emballe dès lors qu’il se concentre sur le personnage de l’excessif James Hunt, érotisé et mythifié, ou lorsqu’il investit le champ des runs automobiles avec une maestria technique saisissante, privilégiant la courte focale et un montage heurté dans sa quête d’urgence.

Il y a en creux une fascination nostalgique et un désir contagieux dans cet hommage aux héros flamboyants d’une époque révolue, qui offrent à Ron Howard de bousculer un peu le cours académique de son cinéma.

Romain Blondeau, Les Inrockuptibles