4 Décembre 2025

DAMNATION

de Béla Tarr (1987) - Séance spéciale jeudi 4 décembre à 20H30 en présence de Olivier Zuchuat, auteur du livre "Attraits de la durée" !

DAMNATION de Béla Tarr (1987) - Séance spéciale jeudi 4 décembre à 20H30 en présence de Olivier Zuchuat, à l'occasion de la parution de son livre Attraits de la durée (Éditions Mimesis) ! Version restaurée 2K !

Karrer vit depuis des années coupé du monde. Il passe ses journées à errer dans la ville désoeuvrée, sous la pluie battante, et à observer ses habitants. Le soir venu, il se rend au Titanik Bar où se produit une séduisante chanteuse avec laquelle il entretient une liaison. Lorsque le tenancier du bar, Willarsky, lui propose de convoyer de la drogue afin de gagner un peu d’argent, Karrer lui suggère à la place d’employer le mari de la chanteuse. Il compte profiter de l’absence de ce dernier pour passer un peu de temps auprès de sa maîtresse…

Premier volet d’un triptyque composé des films Sátántangó (1994) et Les Harmonies Werckmeister (2000), Damnation marque également les débuts de la collaboration entre Béla Tarr et l’écrivain hongrois László Krasznahorkai (Prix Nobel de littérature 2025), tous deux coauteurs du scénario. L’arrivée de cette nouvelle « recrue », avec son univers sombre et mélancolique, va coïncider avec la transformation stylistique du cinéaste. Quatre ans après Almanach d’automne, celui-ci adopte le plan-séquence et abandonne définitivement la couleur au profit du noir et blanc.
Par ses déplacements lents et virtuoses qui rappellent le cinéma d’Andreï Tarkovski ou de Michelangelo Antonioni, la caméra de Béla Tarr observe ses personnages se débattre avec la vie. Les héros de Damnation semblent traverser l’existence en pointillé, sans jamais être réellement présents au monde. Certains personnages ne sont même pas nommés, soulignant par là leur absence d’identité propre. En revanche, le nom du bar où se retrouvent les protagonistes est pour le moins évocateur : à l’image du « Titanik », l’humanité représentée dans le film est vouée à sombrer. Le réalisateur joue ainsi de la correspondance entre les êtres et les lieux, la désolation des paysages faisant écho à la désolation du héros. Par sa mise en scène radicale, le cinéaste sublime autant les paysages dévastés de Hongrie que la misère humaine. Dans ce climat d’abandon et de perdition, rien ne vient perturber la vision sombre et désillusionnée du monde qui caractérise l’univers du cinéaste, alors que la chute du communisme et la désintégration du bloc soviétique se rapprochent inéluctablement."
-Carlotta

Discussion modérée par Bertrand Bacqué, professeur d'histoire et d'esthétique à la HEAD - Genève.

--- Résumé du livre Attraits de la durée de Olivier Zuchuat (Éditions Mimesis) ---

Des cinéastes contemporains tels que Béla Tarr, Pedro Costa, Tsai Ming-liang, Lav Diaz, Hu Bo, Michelangelo Frammartino ou encore Roy Andersson proposent des films en plans longs qui déploient des coalescences spatiotemporelles singulières. Certains ont recours à des plans perdurant admettant des structurations internes qui correspondent à des concaténations idéelles de plusieurs plans à l’intérieur d’un même plan. D’autres proposent des plans fixes structurés en « profondeur de temps » par des processus de composition qui les apparentent à la tradition picturale, ou encore bâtis autour de processus d’improvisation visant à promouvoir une habitation par les acteurs d’un cadre large et fixe. 

Cet ouvrage a pour ambition d’analyser les caractéristiques esthétiques de ces structures formelles ainsi que les rapports singuliers au quotidien, à la contemplation, à la nature, à l’espace (domestique, sylvestre ou encore urbain) qu’elles induisent.

 

Programmation

Jeudi 4.12
Mardi 9.12