Du 30 Juin 2020 au 25 Août 2020

Pinocchio

de Matteo Garrone

Accompagné d’un Roberto Benigni fantastique, Matteo Garrone, le réalisateur de Gomorra, Dogman... et du Conte des contes signe une nouvelle adaptation littérale du conte de Collodi.

On le sait depuis Comencini : adapter Pinocchio tient du fantasme, tant l’œuvre multiplie les défis... d’adaptation. Garrone relève pourtant le défi avec un talent ébouriffant. Il réussit à donner corps aux visions les plus folles de l’écrivain grâce à sa mise en scène. La magie se glisse dans les plis du montage (le film est chapitré comme le conte) et encore plus dans des effets spéciaux qui semblent artisanaux, presque bricolés. Garrone n’a peur de rien : il montre une bûche de bois qui bouge, un nez qui s’allonge sous le poids des mensonges ou le ventre sombre et inquiétant de la baleine où Geppetto trouve un confort inespéré. Comme dans Le Conte des contes, le cinéaste italien a choisi de filmer son Pinocchio de manière littérale, à l’ancienne et sans non-dits, sans précipitation (l’immense vertu du film), comme si tout arrivait pour la première fois : et le récit se déroule sous nos yeux comme lorsque nos parents nous le racontaient le soir avant de nous endormir. (…)

Évidemment, on retrouve la griffe Garrone dans tous ces plans : la peinture de figures grotesques et d’une humanité à la monstruosité folklorique ; ces situations familières, réalistes, trempées dans un sens du baroque carnavalesque. C’est là que réside la grande puissance du film : fuir un imaginaire mondialisé pour se ressourcer dans une fantaisie typiquement italienne. Ce Pinocchio-là évoque la magie fellinienne, la beauté agreste des fresques des Taviani et les gamins semblent sortir d’un Comencini. Impression renforcée par le génie des comédiens, à commencer par Benigni, incroyable Gepetto à la beauté minérale, filmé avec une grâce lumineuse. (…) (Gaël Golhen, Première)