Du 24 Mars 2024 au 26 Mars 2024

Rétrospective Dominique Marchais en présence du cinéaste !

3 films + LA RIVIERE en avant-première !

Rétrospective en quatre films du réalisateur Dominique Marchais en sa présence - dimanche 24 mars > mardi 26 mars :

> LE TEMPS DES GRÂCES (2010) - dimanche 24 mars à 17H00 en présence du réalisateur Dominique Marchais.

> LA LIGNE DE PARTAGE DES EAUX (2014) - lundi 25 mars à 19H00.

> NUL HOMME N'EST UNE ÎLE (2018) - mardi 26 mars à 17H30.

> Avant-première de LA RIVIERE (2024) - mardi 26 mars à 20H00 en présence du réalisateur Dominique Marchais.

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Après des études de philosophie à l'université de la Sorbonne-Paris 4, Dominique Marchais est critique de cinéma de 1994 à 1998 au magazine Les Inrockuptibles. De 1998 à 2002, il est sélectionneur pour le Festival du film de Belfort - Entrevues. En 2003, il est pensionnaire cinéaste à la Villa Médicis. 

Il signe son premier film en 2003, Lenz échappé, un court métrage consacré au poète Lenz (d'après une nouvelle de Georg Büchner), qui obtient en 2004 le prix spécial du jury au festival du film de Vendôme. Ce film inaugure une réflexion sur le paysage qui s’est poursuivie avec les films suivants. 

Le Temps des grâces, sélectionné au festival de Locarno et sorti sur les écrans en 2010, marque les débuts d’un travail documentaire sur les paysages ruraux contemporains. Le film organise un vaste forum où écrivains (Pierre Bergounioux), agriculteurs, agronomes et économistes, politiques et paysagistes (Michel Corajoud) dressent le bilan des effets de la modernisation agricole et de la mondialisation sur la physionomie des campagnes. 

La Ligne de partage des eaux (sorti en salles en 2014) prolonge les questionnements du Temps des grâces en donnant à voir le paysage contemporain comme un champ de forces se décomposant et se recomposant en permanence sous les effets des jeux d’acteurs et des logiques sectorielles. 

Nul homme n'est une île (sorti en 2018 en France, Suisse et Italie, grand prix du jury du festival de Belfort), débute par un vaste panoramique sur la « fresque du bon gouvernement » peinte en 1338 par Ambrogio Lorenzetti à Sienne. Le film réunit des collectivités et des pratiques professionnelles très diverses et éloignées géographiquement (agrumiculteurs siciliens de la coopérative des Galline felici, l’architecte suisse Gion Caminada, les artisans et les élus du Vorarlberg) mais qui toutes s'efforcent de produire le paysage du bon gouvernement, actualisant ainsi la fresque de Lorenzetti.

En 2023, Dominique Marchais reçoit le Prix Jean Vigo pour son nouveau long-métrage La Rivière.

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On naît et on grandit dans un pays, dans ce que l’on croit être un pays, immuable en ses traits essentiels : des frontières qui font territoire, une langue commune, une certaine organisation de l’espace – villages ramassés sur eux-mêmes, des champs qui les drapent, routes bordées de platanes.

Ces visions sont-elles autre chose que les images d’Épinal que nous distribuait avec parcimonie l’école de la République ? Images sages pour enfants sages, images formatrices, qui ont déposé en nous l’idée du beau, de l’ordre dans l’espace ; images puissantes, qui ont fait écran à la réalité, nous empêchant longtemps d’accepter de regarder les choses en face.

Peut-être est-il temps de regarder le paysage comme on regarde son miroir, avec un œil scrutateur et une pointe d’appréhension : quelle image de nous allons-nous y lire ? Quelles avanies, quelle lassitude allons-nous déceler sur ce visage ? Marques de combien de vilenies ?

L’exercice n’est pas toujours plaisant, on se voit moins jeune, moins frais qu’on ne le croyait. Mais surtout l’exercice n’est pas simple, car si le paysage est un miroir, l’image qu’il reflète est brouillée ; elle ne se donne pas à lire dans l’immédiateté, contrairement à un visage, qui en un coup d’œil nous a tout dit.

C’est de réalités fort diverses dont nous informe le paysage, de choses qui ont trait au vivant, à la faune et à la flore, à la circulation de l’eau, aux activités des hommes dans l’espace, à leurs organisations politiques. Se servir du paysage contemporain pour produire une image d’une société est possible, mais cette image sera le fruit d’une longue et patiente construction. Et en l’occurrence, construire une image, c’est construire un problème.

Dominique Marchais