La Peau

De Liliana Cavani
Italie - 1981 - vost - 131' - Couleurs - Numérique
Synopsis

Naples libérée est offerte sans coup férir aux soldats américains. La guerre a opéré son oeuvre et la bassesse des uns spécule sur la misère des autres, la faim pousse beaucoup de napolitains à la prostitution.

Critique

Voici un film de guerre pour le moins original qui, comme d’ailleurs le livre de Malaparte, n’embrasse pas le point de vue des vainqueurs, mais celui des Italiens « libérés ». Qui décrit leurs stratégies pour échapper à la famine. Et aussi l’incompréhension des militaires américains. Marcello Mastroianni est superbe dans les frusques d’un Malaparte désabusé.   

Edouard Waintrop

C'est, en premier, un livre de Curzio Malaparte, auteur italien, mort en 1957. Publié en 1949, après « Kaputt », le livre s'enfonce dans la tragédie de l'Europe de la deuxième guerre mondiale. Description de l'horreur de la guerre, une descente aux enfers sans la moindre concession : « un tas de chair pourrie, voilà ce que vous trouverez en Europe, quand vous l'aurez libérée. Personne ne veut qu'on le dise, personne ne veut se l'entendre dire, mais c'est la vérité. Voilà ce qu'est l'Europe désormais un tas de chair pourrie ». Voilà ce qu'à travers des images nous  dit Liliana Cavani, cinéaste, féministe, italienne.  (...) Mais si le  film a des faiblesses, sa force est la défense du peuple contre la soldatesque, et c'est aussi la démonstration que même des libérateurs sont des soldats. Cavani n'invente aucune des scènes d'horreur qu'elle décrit, elle met en images les mots de Malaparte. Certes, si vous êtes sensibles, vous tremblerez, mais je crois pouvoir affirmer que, tout comme Nuit et brouillard montrait l'horreur des camps de concentration, La peau montre l'horreur de toute guerre ; c'est une mise en garde, un appel au secours.

Michèle Simun, Femmes suisses, Février 1982