Marius

De Daniel Auteuil
France - 2012 - vf - 93'
Synopsis

Vieux-Port de Marseille, dans le Bar de la Marine tenu par César et son fils Marius. Marius ne rêve que d’embarquer sur un des bateaux qui passent devant le bar et prendre le large vers les pays lointains. Fanny, jeune et jolie marchande de coquillages sur le devant du bar, aime secrètement Marius depuis l’enfance ; Marius, sans l’avouer, a toujours aimé Fanny…

Après La Fille du puisatier (…), Daniel Auteuil enchaîne sur la trilogie de Pagnol. Sur les raisons qui peuvent pousser un grand acteur comme Auteuil à passer derrière la caméra à 60 ans passés pour tourner des remakes du grand Pagnol, on pourrait s’interroger. A quoi cela sert-il ? Rappelons d’abord que La Fille du puisatier n’avait rien d’infâme, comme on a pu le lire ici ou là. On retrouve dans ces deux premiers épisodes de la trilogie ce qui faisait la qualité du travail d’Auteuil : la modestie, un goût pour l’artisanat du cinéma (la direction d’acteur), un amour qu’on sent sincère pour ces tragédies populaires et provençales du début du XXe siècle. Daniel Auteuil allège le texte de Pagnol (quelques coupes), lui donne un rythme plus rapide, mais alourdit aussi le décor de détails un peu théâtreux, tentant quelques percées hors du bar de la Marine qui n’ont pourtant rien de disgracieux ni d’incohérent. Dans le rôle de César, il n’essaie jamais d’être Raimu et il est pourtant aussi bouleversant que lui. Le jeu suranné (mais pourtant génial, intense) d’Orane Demazis (Fanny) dans la version de Pagnol est remplacé par celui, plus moderne, mais tout aussi convaincant, de la jeune Victoire Bélézy. Voilà peut-être ce qui émeut le plus dans cette nouvelle adaptation de Pagnol : on n’y sent aucune rivalité entre les acteurs (Auteuil ne tire jamais la couverture à lui), mais bien au contraire la volonté de travailler en équipe, de produire un film grand public, avec ses défauts (on se serait passé des aplats au kilomètre d’Alexandre Desplats), quelques ratés (quelques scènes moins bien jouées, La Mer de Trénet en générique de fin) mais une honnêteté attachante et le désir de servir un texte. Pagnol n’est pas trahi.

Jean-Baptiste Morain