Massacre in Uzbekistan (débat)

De Michael ANdersen
Ouzbékistan, Kirghizistan, Royaume-Uni, France, Allemagne - 2007 - vost - 80'
Synopsis

Ouzbékistan 2005. La troisième ville du pays est à feu et à sang. A Andijan, un mouvement pacifique se constitue pour protester contre le régime de Karimov, autocrate sanguinaire qui tient le pays d’une main de fer depuis mars 90. Sous prétexte d’une atteinte à la sûreté de l’Etat, ordre est donné de réprimer la contestation. Les militaires tirent sans somation sur une foule compacte comprenant femmes et enfants. Un bilan officiel de 187 morts cache en fait un bain de sang de 1000 à 1500 victimes, probablement le massacre le plus important commis par armée régulière depuis Tiananmen. 

Document sans concession, Massacre en Ouzbékistan est un vibrant hommage aux victimes d’Andijan ainsi qu’à tous les journalistes, opposants, et militants qui, au péril de leur vie, ont choisi de se dresser face à la tyrannie. La réalisation de Michael Andersen ne désarme pas. La bande-son reflète la fureur des événements d’Andijan dont il ne reste aucune image. Le réalisateur rencontre diplomates, ministres et fonctionnaires européens maîtrisant à la perfection une langue de bois pour justifier en permanence l’injustifiable… Aux considérations sur les droits humains ils opposent des arguments politiques : l’Ouzbékistan sert de base pour la guerre en Afghanistan et est par ailleurs un des principaux fournisseurs de gaz de l’Occident. Ce documentaire se voit comme la deuxième mort de ces martyrs oubliés. Celle qui se déroule dans les coulisses des parlements entre Bruxelles, Londres, Berlin, Washington et Paris. 

 

Débat après le film: 

OUZBEKISTAN: LE SILENCE COMPLICE

Exemple criant du deux poids deux mesures, l'Ouzbékistan jouit du soutien complice de l'Occident et des Etats-Unis. Il s'agit pourtant d'une des pires dictatures de l'Asie centrale, qui impose le travail forcé aux enfants dans les plantations de coton, et dont la répression cruelle à l'égard de ses citoyens a atteint son paroxysme le 13 mai 2005 avec le massacre d'Andijan. Ce jour-là, prétextant une attaque terroriste, l'armée ouvrait le feu sur des milliers de civils venus manifester leur mécontentement vis-à-vis du gouvernement. Des centaines de personnes, dont des femmes et des enfants, sont tués. 
Suite à ce chapitre, l'un des plus noirs de l'Ouzbékistan post-soviétique, l'Union européenne décrétait un embargo sur les ventes d'armes à Tachkent et demandait une enquête indépendante. 
En 2009, l'embargo est levé en raison de «développements positifs», alors qu'aucune véritable enquête n'a été effectuée. Clairement, les intérêts d'Etat ont primé sur les principes de droits de l'homme. Le président Islam Karimov a su habilement présenter son pays comme un rempart contre l'extrémisme musulman, facilitant l'accès des forces occidentales au territoire de son voisin afghan. Par ailleurs, l'Ouzbékistan se profilait comme principal fournisseur de gaz pour les pays européens.
Déjà en 2007, l'Ouzbékistan échappait, grâce à ses soutiens diplomatiques, à une mise au ban du Conseil des droits de l'homme, ce alors que des rapports onusiens avaient établi le caractère systématique des violations de cet Etat. A cette date, huit rapporteurs spéciaux de l'Onu attendent toujours de pouvoir rentrer dans le pays.

Face à l'isolement croissant de la population et des défenseurs des libertés ouzbeks, la communauté internationale va-t-elle continuer de fermer les yeux ?

Carole Vann

IntervenantsAndersen Michael | Loersch André | Murray Craig | Poujol Catherine | Tadjibaeva Mutabar

Réservation