Lovely Boy

De Francesco Lettieri
Italie - 2021 - vost - 105' - Couleurs - Numérique
Synopsis

Nic, également connu sous le pseudo de Lovely Boy est une étoile montante de la scène trap de Rome. Tatoué et bourré de talent, il forme un duo avec son ami Borneo la XXG. Entraîné dans une spirale d’autodestruction, le succès mêlé aux échecs lui feront atteindre un point de non-retour.

Critique

(...) "Le rap a des contenus, nous non. C'est fait exprès". Nic (Andrea Carpenzano), dont le nom artistique est Lovely Boy, fait son chemin avec son camarade Borneo sur les planches de la scène musicale trap romaine. Leurs chansons parlent des drogues, d’argent et de femmes. Ils sont doucement poussés par leur imprésario affamé et infatigable (Riccardo De Filippis), qui passe son temps à négocier des contrats avec des maisons de disques et des featurings "qui déchirent". Alors qu'il est en route vers le succès, Nic se montre indifférent à tout ce qui l'entoure. La seule chose qui semble l'intéresser, c’est la défonce, que ce soit avec de la cocaïne, du speed, du hashish ou de l'ecstasy. Il se fait toujours attendre (aux concerts, aux tournages de clips, dans les studios d’enregistrement), contrairement à Borneo, toujours présent et ponctuel, ce qui commence à créer de multiples tensions.

À un moment, le récit fait un bond en avant, et on retrouve Nic dans un centre de cure pour toxicomanes, sur les Dolomites, à nettoyer les box des chevaux et à participer (sans piper mot) aux séances collectives. "Ici, nous misons sur les relations plus que sur la pharmacopée", explique l'empathique directrice de cette communauté (Federica Rosellini), mais Nic, qui est le plus jeune patient, est réticent, il a du mal à s’intégrer et il ne communique qu'avec Daniele (Daniele Del Plavignano, qui a vraiment travaillé dans une communauté pour toxicomanes de ce type), un homme mélancolique, ancien junkie, qui se consacre à présent à aider les autres à se libérer de leurs dépendances.

Lovely Boy est entièrement construit sur des allers-retours constants dans le temps, entre, d'une part, les ambiances romaines scandées par les concerts, les fêtes, les rails sniffés aux toilettes, les trahisons professionnelles et sentimentales (la petite amie de Nic est interprétée par Ludovica Martino) et, d'autre part, les montagnes du Haut-Adige parmi lesquelles se trouve la communauté, avec sa vie simple et ses règles, où les plus responsables vont faire les courses pour les autres et où quelqu'un raconte comment la drogue lui a, littéralement, et paradoxalement, sauvé la vie.

Le film montre souvent Nic en train de se droguer, mais ne dit pas grand chose sur lui. Il n’approfondit pas ses pensées : ici, le vide existentiel se passe d’explications. Élan d'autodestruction et tentative de renaissance sont les deux pôles entre lesquels oscille le récit, par lequel on se laisse facilement happer (en partie grâce à la belle présence scénique de Carpenzano) et qui dresse également le tableau sincère et affectueux d’une communauté d’ex-toxicomanes en lutte constante avec leurs démons et de dangereuses rechutes éventuelles. (...)

Vittoria Scarpa, Cineuropa

Projeté dans le cadre de

1 février 2022
Lovely Boy de Francesco Lettieri