Brooklyn Yiddish

De Joshua Z. Weinstein
USA - 2016 - vost - 83' - Couleurs - Numérique
Synopsis

Borough Park, quartier juif ultra-orthodoxe de Brooklyn. Menashé, modeste employé d'une épicerie, tente de joindre les deux bouts et se bat pour la garde de son jeune fils Ruben. En effet, ayant perdu sa femme, la tradition hassidique lui interdit de l'élever seul.
Mais le Grand Rabbin lui accorde de passer une semaine avec son fils ; l’ultime occasion pour Menashé de prouver qu’il peut être père dans le respect des règles de sa communauté.

Critique

Le désarroi de la communauté

« C’est la situation dans laquelle se trouve actuellement l’acteur du film, Menashe Lustig, qui anime des fêtes religieuses dans la vie. Avec la mort de sa femme, il a perdu la garde de son fils et cherche à la récupérer. Les comédiens du film n’ont accepté d’y figurer qu’après avoir obtenu l’autorisation de leur rabbin. Lequel voulait faire passer un message avec un film montrant le désarroi d’une partie de sa communauté. »

Il aura fallu sept ans à Joshua Z. Weinstein pour réaliser le film qui, fait rare, est tourné en yiddish. Soit le mélange d’hébreu et d’allemand parlé par la majorité du monde juif en 1939, en grande partie disparue avec les communautés juives d’Europe en 1945. Dans certaines communautés orthodoxes, aux États-Unis et en Israël, le yiddish demeure une langue vivante, l’hébreu restant exclusivement celle de la prière.

Le film de Joshua Z. Weinstein est devenu le vestige surprenant d’une Atlantide que l’on croyait disparue, celle du cinéma yiddish américain, vivace jusqu’au début des années 1950, dont la dernière production significative reste Hester Street (1975) de Joan Micklin Silver, si l’on excepte le prologue d’A Serious Man (2009) des frères Coen, lui aussi en yiddish. "Diriger les comédiens en yiddish n’était pas simple, raconte le réalisateur. Je ne le parle pas, je disposais d’un interprète qui se querellait avec les comédiens sur les nuances de yiddish, sur tel mot à employer ou à bannir. En somme, je vivais une histoire juive. »

Samuel Blumenfeld, Le Monde