Le Vent

De Victor Sjöström
Etats-Unis - 1928 - vost - 95' - Noir et Blanc
Synopsis

Le vent ne cesse de souffler dans cette région du désert américain où une jeune fille récemment devenue orpheline, Letty, vient s'installer chez ses cousins. Poussée par une parente jalouse, elle épouse un modeste cow-boy, Lige. Tandis que celui-ci part en expédition, laissant seule sa femme, monte une tempête de sable. Livrée à elle-même, Letty est rejointe par un ancien soupirant.

Critique

Note d’intention de Carlos Grätzer

Gilles Deleuze fait de ce film le prototype du film d’action se refusant à y voir un film naturaliste car, dit-il, le monde originaire - le vent qui ne cesse de souffler sur la plaine - est actualisé dans un espace déterminé : la plaine américaine. L’histoire selon Deleuze : Une jeune fille venue du sud arrive dans ce pays, dont elle n’a pas l’habitude, et se trouve prise dans une série de duels, duel physique avec le milieu, duel psychologique avec la famille hostile qui la reçoit, duel sentimental avec le rude cow-boy qui en est amoureux, duel corps à corps avec le marchand de bestiaux qui veut la violer. Ayant tué le marchand, elle cherche désespérément à l’ensevelir dans le sable, mais le vent, chaque fois découvre le cadavre. C’est le moment où le milieu lui lance le défi le plus fort difficile à relever. Commence alors la réconciliation.

Dans ce récit entre mélodrame et western fantastique, le vent devient un allié qui permet à la jeune femme de devenir sûre d’elle et de faire front. 

À l’apogée du muet où la maîtrise du récit cinématographique est totale : variété des cadrages, surimpressions, caméra subjective, accélération du rythme, tout y est. Les plans larges isolent les personnages dans un environnement hostile, les plans rapprochés voient les vêtements virevolter frénétiquement, sans cesse la lutte est présente. Pour moi il n’y avait pas de doute, en regardant le film, des idées fortes sonores et musicales me sont apparues. De même, les plans d’un cheval blanc qui rue avec la tempête, ou se mêlant au visage épouvanté de la jeune fille, Lilian Gish, sont empreints d’une poésie et d’un onirisme qui répondent parfaitement à la légende indienne expliquant les tornades par un cheval fantôme qui vit dans les nuages.

Projeté dans le cadre de

27 Mars 2017
Le Vent de Victor Sjöström