Ce n'est qu'un début

De Jean-Pierre Pozzi, Pierre Barougi
France - 2010 - vost - 95' - Couleurs
Synopsis

Ils s’appellent Azouaou, Abderhamène, Louise, Shana, Kyria ou Yanis, ils ont entre 3 ans et 4 ans quand ils commencent à discuter librement et tous ensemble de l’amour, la liberté, l’autorité, la différence, l’intelligence...

Durant leurs premières années de maternelle, ces enfants, élèves à l’école d’application Jacques Prévert de Le Mée-sur-Seine, dans une ZEP de Seine-et-Marne, ont expérimenté avec leur maîtresse, Pascaline, la mise en place d’un atelier à visée philosophique.

Plusieurs fois par mois, assis en cercle autour d’une bougie allumée par Pascaline, ils apprennent à s’exprimer, s’écouter, se connaître et se reconnaître tout en réfléchissant à des sujets normalement abordés dans le système scolaire français en classe de... terminale. Il n’y a plus de bon ou de mauvais élève lors de ces moments privilégiés : juste de tout jeunes enfants capables de penser par eux-mêmes avec leurs mots à eux, pleins de spontanéité, de bon sens et de poésie. Et qui font déjà preuve, parfois, d’un incroyable esprit citoyen.

Critique

La vie, l’amour, la mort, l’amitié, la différence, l’intelligence, toutes ces énigmes sont visitées une à une par les enfants. On rit. Mais pas seulement. Une extrême gravité voile certains regards.          
Le Canard enchainé 

Le film pourrait ne se réduire qu’à une collection de « perles » et de bons mots d’enfants, si les réalisateurs n’étaient parvenus à décrire avec finesse l’ambiance de cette classe de ZEP, véritable îlot de joies et d’échanges dans une banlieue plutôt morose et terne. Les auteurs ont fait un œuvre engagée, rappelant le rôle éminent de l’Institutrice au cœur de la Cité.
Positif

Le tableau a ceci de stimulant que ces enfants de 5 ans apprennent autant qu’ils nous enseignent, moins la philosophie que la poésie à l’état pur.           
Télérama

Le film révèle sa puissance pédagogique et subversive en incluant à la réflexion plusieurs séquences, dans la cour de récréation ou en famille, qui refusent de se contenter d’un filmage à la Entre les murs pour traquer contextes et conséquences de ces ateliers. Ce n’est qu’un début, conformément à son titre, va au-delà de l’initiation à la philosophie pour réaffirmer la nécessité du lien entre l’école et le monde.        
Les Cahiers du Cinéma 

 

(...)  Qu’est-ce que philosopher ?  Selon Matthew Lipman, le concepteur de l’approche de  Philosophie pour  enfants,  philosopher c’est apprendre à « bien-penser » - et ce, dès le plus  jeune âge. Dans la réalité de la classe, cela veut dire que les enfants se rassemblent pour réfléchir ensemble sur  des concepts ouverts comme l’amour,  la liberté, la justice, la beauté… à partir de leurs expériences et de leurs besoins.

Mais ce n’est pas parce que les enfants parlent et pensent qu’ils philosophent. Mes  recherches dans des classes de divers pays m’ont fait  comprendre qu’apprendre à philosopher est un processus long et exigeant qui   requiert de la  rigueur intellectuelle,  de la  créativité, de la  sollicitude envers  autrui et  de  l’ouverture   d’esprit.  Laissés  à   eux- mêmes, les  enfants n’y arrivent pas!  En effet, spontanément, ils ont tendance à  échanger de façon anecdotique, c’est-à-dire à raconter des anecdotes personnelles sans se soucier des points de vue  des pairs.

Guidés par  l’adulte,  les   enfants réussissent à  échanger de façon monologique,  c’est-à- dire que leur  parole devient plus  complexe, malgré le  fait  qu’ils  soient encore peu influencés par  les   interventions  des  pairs. Et, graduellement, toujours guidés par un adulte « formé à l’approche philosophique », ces enfants apprendront à  écouter l’autre,  à respecter son point de vue  et à y agencer les leurs… ils  dialogueront puis   ils  dialogueront de façon critique. C’est l’étape la plus  aboutie du processus d’apprentissage du philosopher. (...) 

Marie France Daniel, experte de la philosophie pour enfants

Projeté dans le cadre de

24 Mai 2016
Ce n'est qu'un début