Le Rebelle

De King Vidor
Etats-Unis - 1949 - vost - 114' - Noir et Blanc
Synopsis

Howard Roark (Gary Cooper) est un architecte talentueux et audacieux, trop même pour ses contemporains. Refusant tout compromis aux modes et aux désirs de ses commanditaires, il doit bientôt abandonner l’architecture faute de contrats et devient simple ouvrier de chantier dans une carrière appartenant à Gail Wynand, un riche et puissant magnat de la presse. La fille de Wynand, Dominique Françon (Patricia Neal), chroniqueuse qui travaille pour le Banner, le journal populiste de son père, tombe amoureuse de Roark sans connaître sa véritable identité. En effet elle est la seule au Banner à s’opposer au tout puissant Ellsworth Toohey, éditorialiste qui a monté une cabale contre Howard Roark.

Critique

Dans le rôle-titre, King Vidor aurait bien vu Humphrey ­Bogart, à cause de son air « retors, intello et indécrottablement citadin ». Mais la Warner avait déjà signé avec Gary Cooper, échassier placide, élevé au grand air d'une Amérique saine. Le véritable inspirateur du héros s'appelait Frank Lloyd Wright, architecte génialement provocateur. King Vidor utilise ce personnage pour dénoncer la fin du règne du self-made-man en Amérique.

A l'époque, le cinéaste vient surtout de finir une psychanalyse jungienne. Une illumination l'a frappé sur le divan : l'homme, fondamentalement passif, serait le yin, et la femme, irrémédiablement active, le yang. L'actrice Patricia Neal insuffle à son personnage une forte perversité insidieuse. C'est une ­tigresse sadomasochiste. Le Rebelle est un combat, de la soumission contre la domination, de la femme contre l'homme, de la lumière contre l'obscurité, du noir contre le blanc. Et l'esclave n'est pas forcément celui qu'on croit.

Marine Landrot, Télérama