Les Camisards

De René Allio
France - 1972 - vf - 107' - Couleurs
Synopsis

La révocation de l’édit de Nantes est reçue différemment selon les régions : beaucoup émigrent, certains se convertissent, quelques uns luttent. Les foyers de contestation se multiplient en Languedoc et dans les Cévennes. Les prédicateurs, les prophètes, et ceux qui, tout simplement, combattent pour leur liberté de conscience, sont traqués, exécutés, envoyés aux galères. Un certain Gédéon Laporte rassemble une petite troupe sous la conduite morale du prophète Abraham Mazel. La lutte s’engage contre les troupes du roi, commandées par le Capitaine Poul, en s’appuyant sur la sympathie des villageois. Les ruses, les embuscades, la crainte, les petites victoires, et pour finir l’échec sont le pain quotidien de cette poignée d’hommes qui ont pris le maquis contre l’intolérance. Jacques Combassou échappe au massacre et part rejoindre les troupes, plus importantes, du sud des Cévennes. Un soir, au détour d’un chemin, il découvre les têtes de ses anciens amis exposées, pour l’exemple, par les soldats du roi. Le camp adverse, celui de la légalité, au milieu des intrigues de cours et faisant bonne chère, est engagé dans une lutte à mort contre les contestataires.

Critique

Les Camisards, c’est donc un moment de la lutte entre l’ancien et le nouveau dans notre histoire : c’est un conflit entre les facteurs de statisme, de conservatisme et des facteurs de mouvement, de progrès.

René Allio

René Allio et les Camisards, Entretien avec Jean A. Gilli, écran 72, février 1972

 

René Allio aime à dire que nous n’avons pas, en histoire comme ailleurs, de films français qui nous parlent de la masse nationale, c’est-à-dire des provinces. Nous avons seulement, dit-il, des films parisiens. Allio, lui, a su porter son regard très au-delà des rideaux de béton du boulevard périphérique ; il a planté sa caméra dans le granit bleu des Cévennes. Il a inscrit sur sa bande sonore les psaumes de Clément Marot. Est-ce à dire qu’il a réalisé sur un sujet français un véritable film français ? Sûrement pas, et Dieu merci (…). Pour le bénéfice de tous, Occitans et hommes du Nord, et dans le plus stricte respect des textes, sans cet expressionnisme gratuit qu’on trouve dans Les Diables de Ken Russell, Allio a réalisé en fait le meilleur, le plus tragique de nos films languedociens en langue d’oïl. Un film qui, pour le Cévenol que chacun d’entre nous porte en son cœur, donne envie tour à tour de pleurer, d’aimer, de tuer, ou tout simplement de marcher dans la montagne et de se baigner dans les torrents. L’exploit d’Allio n’est pas mince, et je souhaite à ces Camisards des spectateurs et des fans plus nombreux encore et plus hystériquement admiratifs que ceux qui, jadis, acclamaient les Cévenols, en 1703, dans leurs assemblées ou traversées du Désert.

Emmanuel Le Roy Ladurie, Le Nouvel Observateur

Projeté dans le cadre de

10 Juin 2015
Projection Des Camisards de René Allio