7 février 2024

Séance spéciale et unique de JOURNAL D'AMERIQUE

mercredi 7 février à 17H00 en présence du réalisateur Arnaud des Pallières !

Séance spéciale et unique de JOURNAL D'AMERIQUE mercredi 7 février à 17H00 en présence du réalisateur Arnaud des Pallières !

Pense à l'Amérique.
Aux cités, aux maisons, à tous les gens, aux arrivées, aux départs, à la venue des enfants, à leur départ, à la mort, à la vie, au mouvement, à la parole.
Pense au profond soupir intérieur de tout ce qui vit en Amérique. Penche-toi. Ramasse ce que les autres laissent perdre de la vie. Et fais-en quelque chose...

 

Après Diane Wellington et Poussières d’Amérique (2010 et 2011), qu’est-ce qui vous donne envie de revenir, dix ans plus tard, sur un corpus d’images d’archives américaines ?

C’est l’occasion, rare pour un cinéaste, de renouer avec l’écriture la plus intime. Comme un écrivain tenant son journal, ou un peintre ses carnets d’esquisses quotidiens…

Avec cette différence que ces images ne sont pas les vôtres…

Ces images seraient-elles plus les miennes si un opérateur les avait tournées pour moi, comme c’est le cas de n’importe quel film traditionnel ? Il se trouve que je m’apprêtais à tourner un film de fiction dont le tournage a été brusquement reporté. Pour ne pas sombrer dans la déception, je me suis immédiatement mis au montage d’images d’archives. Comme discipline. Comme hygiène. Pour occuper mes mains et ne pas rester sans rien faire. C’est une des plus heureuses décisions de ma vie. Normalement, pour lancer un film, il faut mettre en place une économie — lourde, lente — qui engage producteurs et financiers. Ici, pour répondre à l’urgence et l’impatience de mon désir de travail, le producteur m’a aidé à mettre en place un processus de travail léger, selon une économie minimale.

Comment s’est déroulé le processus de création ?

Je me suis mis à monter des images et des sons, sans écriture préalable, en essayant d’être tout de suite dans la construction de récits. Très vite j’ai pensé à la forme « journal de travail », marquant les jours, et gardant trace du travail en train de se faire. C’est devenu le journal de trois mois de montage, du 18 janvier au 14 avril 2021. Et pour la première fois de ma vie, j’ai éprouvé ce que peut être une écriture automatique en cinéma. Le film s’est raconté à travers moi. Mes mains savaient mieux et plus vite que ma tête vers quoi le film allait. À partir d’images, de sons, de textes (que je connaissais très bien puisque certains constituaient le corpus restant non utilisé de Poussières d’Amérique et Diane Wellington), le film s’est élaboré peu à peu chaque jour, presque — et j’ai bien conscience du caractère ridiculement romantique d’une telle idée — comme s’il m’était dicté…

Le film progresse, se transforme, au fur et à mesure que vous avancez dans le journal…

On sent deux temps dans Journal d’Amérique : un premier qui est une réflexion sur l’enfance, le temps, la mémoire. Sur le rapport que nous avons avec ces images. Qu’est-ce que se reconnaître dans des archives qui ne sont pas les vôtres ? Qu’est-ce que ça dit de moi ? De nous ? Et qu’est-ce d’ailleurs ici que « moi », si ce n’est un « nous » ? Et puis un second temps, au cours duquel apparaît ce jeune Américain de la seconde moitié du XXe siècle qui nous raconte son histoire. J’ai été le premier surpris par le surgissement de ce personnage. Car je ne pensais même pas faire un film…