3 Novembre 2016

L'architecture à L'écran

Projection de La Pierre triste de Filippos Koutsaftis

Chaque rendez-vous de ce ciné-club, proposé en collaboration avec la Cinémathèque suisse, la revue romande Tracés, la Maison de l'Architecture est une invitation à regarder le cinéma et l'architecture différemment.

La Pierre triste, de Filippos Koutsaftis, (Grèce, 2000, 85')

Le jeudi 3 novembre à 20h45

Récit cinématographique d’une ville, Pierre triste de Philipos Koutsaftis perd de vue l’objectif qu’il se fixe pour mieux le retrouver dans l’objet de sa distraction. Le point de départ est l’ambition documentaire, celle de récolter, sur une décennie, des images des fouilles archéologiques préventives dans la ville industrielle d’Eleusis, au sud d’Athènes. Grand centre de pèlerinage du monde antique, Eleusis est devenue une banlieue pauvre et le cinéaste grec choisit d’en saisir la lente transformation. Prévenu à chaque fois par les archéologues, il arrive toujours au bon moment: celui où sort de terre un fragment du temps disparu. Ses allers et venues planifiés croisent ceux d’un étrange personnage, un clochard céleste paranoïaque et méticuleux, Panagiotis Farmakis, qui cherche dans les décharges les tas de gravats que les archéologues ont jugés sans intérêt. Farmakis trouve régulièrement des pièces antiques, des fragments, des objets d’une valeur inestimable qu’il ramène, à son tour, au musée archéo- logique. Il permet au cinéaste de quitter sa trajectoire bien tracée, révélant ainsi, telle une théophanie, le sens anthropologique du temps. Les mystères d’Eleusis consistaient en une initiation: celui qui savait introduisait celui qui ne savait pas encore dans le cercle fermé des détenteurs de la vérité. Il n’est pas exagéré de considérer que le film de Koutsaftis est une véritable initiation cinématographique, autrement dit un apprentissage du temps. 

Christophe Catsaros, rédacteur en chef de la revue Tracés