Sotto una buona stella

C’est en quelque sorte rassuré que l’on va voir les films de Carlo Verdone. On sait qu’il y aura de quoi rire et aussi de quoi réfléchir, que l’intrigue se développera de manière fluide, sans grands coups de théâtre mais avec quelques perles qui sont dues à son exceptionnelle capacité à observer la réalité, une photographie de la société que seul lui sait prendre avec autant d’ironie. Et puis il y a lui, Carlo Verdone, talent comique inoxydable apprécié de tous. Sotto una buona stella ne fait pas exception (...). Ce film est encore plus hilarant grâce à la présence d’une autre star comique, Paola Cortellesi. Leurs duos, qui font la part belle à l’improvisation, sont dignes de véritables professionnels du rire. Lui est désorienté et sous pression, elle est intelligente et pleine de bon sens. Tous deux sont fragiles et à la recherche d’affection. (...) Le scénario, co-écrit par le réalisateur ainsi que le fidèle Pasquale Plastino, Gabriele Pignotta et Maruska Albertazzi, raconte l’histoire d’un père séparé et complètement absorbé par sa carrière (Verdone), qui a toujours été absent de la vie de ses enfants (...), mais qui, après la mort de sa femme et la perte de son emploi, est contraint de les accueillir chez lui, à présent âgés d’une vingtaine d’année et sans but. Cette cohabitation va s’avérer douloureuse et chaotique. Lorsque Paola Cortellesi, la nouvelle voisine, entre en scène après une vingtaine de minutes, le film passe à la vitesse supérieure. Responsable des ressources humaines rongée par le remord (...), elle cherchera, dans sa grande bonté, à réunir cette famille touchée par le drame qui habite de l’autre côté du mur peu épais qui sépare les deux appartements. En échange, Verdone l’aidera à se réconcilier avec sa famille à elle, en se faisant passer pour son fiancé. (...) Tourné intégralement dans les studios de Cinecittà, Sotto una buona stella est principalement un film d’intérieur, de décors, dans lequel la plus grande partie de l’action se déroule dans les deux appartements des protagonistes. La scène de la réunion de poètes, tous banals et incohérents, est hilarante. Elle est un hommage au festival de poésie de Castelporziano (près de Rome), que fréquentait le réalisateur lorsqu’il était à l’université. Cette scène est une variante comique des performances artistiques décrites dans La grande bellezza, qui renvoie aussi aux fêtes du début du film. Verdone est d’ailleurs également interprète du film de Sorrentino, nominé aux Oscars : « Une chance unique, étant donné que je ne pourrai jamais être nominé pour un de mes films », affirme-t-il. Verdone n’arrivera peut-être pas aux Oscars, mais en Italie, il reste un maître : le champion d’une comédie populaire, ancrée dans le quotidien et subtilement amère.

Vittoria Scarpa, Cineuropa