Un conte de Noël

De Arnaud Desplechin
France - 2008 - vf - 150'
Synopsis

À l'origine, Abel et Junon eurent deux enfants, Joseph et Elizabeth. Atteint d'une maladie génétique rare, le petit Joseph devait recevoir une greffe de moelle osseuse. Elizabeth n'était pas compatible, ses parents conçurent alors un troisième enfant dans l'espoir de sauver Joseph. Mais Henri qui allait bientôt naître, lui non plus, ne pouvait rien pour son frère - et Joseph mourut à l'âge de sept ans. Après la naissance d'un petit dernier, Ivan, la famille Vuillard se remet doucement de la mort du premier-né. Les années ont passé, Elizabeth est devenue écrivain de théâtre à Paris. Henri court de bonnes affaires en faillites frauduleuses, et Ivan, l'adolescent au bord du gouffre, est devenu le père presque raisonnable de deux garçons étranges. Un jour fatal, Elizabeth, excédée par les abus de son mauvais frère, a "banni" Henri, solennellement. Plus personne ne sait exactement ce qui s'est passé, ni pourquoi. Henri a disparu, et la famille semble aujourd'hui dissoute. Seul Simon, le neveu de Junon, recueilli par sa tante à la mort de ses parents, maintient difficilement le semblant d'un lien entre les parents provinciaux, la soeur vertueuse, le frère incertain et le frère honni...

Critique

Les Cahiers du Cinéma / Tous les fils ont ce rêve. Le père se dresse au-dessus de votre tombe. Il parle de vous, il vous rend hommage. Par Emmanuel Burdeau

Desplechin revisite une famille dans tous ses états : confessions face à la caméra, psychanalyses, lanterne magique, saynète théâtrale. La musique porte le même désordre : cornemuses irlandaises pour les bagarres à la John Ford, clavecin pour un strip-tease, jazz et techno ailleurs. Henri, lui, celui qu'on est tenté de prendre pour l'alter ego de Desplechin, virevolte et vacille comme un elfe dionysiaque auquel il n'est pas question d'accorder la moindre circonstance atténuante.

Tel est le credo d'Arnaud Desplechin, un "affamé de roman" : réel ou inventé, digne de ses géniteurs ou pas, cet Henri, impudent antihéros, surgit dans le foyer comme un coup de tonnerre, en plein orage, faune haïssable, spectre s'écroulant ivre mort pour ressurgir et narguer. Les siens l'ont transformé en personnage. Il relève le défi, dopé par le rejet dont il est victime, inépuisable histrion de la mascarade familiale.

Jean-Luc Douin, Le Monde

Projeté dans le cadre de

Du 23 Juillet 2014 au 19 Août 2014
Quinze films à voir et revoir