The Road

De John Hillcoat
Etats-Unis - 2009 - vost - 111'
Synopsis

Il y a maintenant plus de dix ans que le monde a explosé. Personne ne sait ce qui s'est passé. Ceux qui ont survécu se souviennent d'un gigantesque éclair aveuglant, et puis plus rien. Plus d'énergie, plus de végétation, plus de nourriture... Les derniers survivants rôdent dans un monde dévasté et couvert de cendre qui n'est plus que l'ombre de ce qu'il fut. C'est dans ce décor d'apocalypse qu'un père et son fils errent en poussant devant eux un caddie rempli d'objets hétéroclites - le peu qu'ils ont pu sauver et qu'ils doivent protéger. Ils sont sur leurs gardes, le danger guette. L'humanité est retournée à la barbarie. Alors qu'ils suivent une ancienne autoroute menant vers l'océan, le père se souvient de sa femme et le jeune garçon découvre les restes de ce qui fut la civilisation. Durant leur périple, ils vont faire des
rencontres dangereuses et fascinantes. Même si le père n'a ni but ni espoir, il s'efforce de rester debout pour celui qui est désormais son seul univers...

Critique

(...) Cinéaste australien qui s’était illustré dès son premier film (Ghost of the civil dead, sur un script de Nick Cave, 1988) pour son regard sans artifices, John Hillcoat était un choix inespéré. Et l’ensemble de ses choix artistiques sur The Road, de la musique de son camarade Cave au choix de Viggo Mortensen pour le rôle principal, en passant par le presque noir et blanc du directeur de la photo espagnol Javier Aguirresarobe (The Others, Twilight), sont justifiés à l’écran. De manière très troublante même: l’odyssée de ce papa (Mortensen) et de son fils (Kodi Smit-McPhee, parfait enfant-acteur sans aucun tic d’enfant-acteur), deux silhouettes errant seules après une apocalypse inexpliquée, est traduite avec des images et une atmosphère qui, chose rare, sont d’une fidélité absolue au roman de McCarthy. Si absolue que les lecteurs du livre en seront à se demander si Hillcoat ne s’est pas introduit dans leur tête pour reproduire les situations et les sentiments imprimés par la prose brûlante, entêtante, vespérale du romancier. 

Tout y est: cette sensation de perdre pied devant un monde d’où la civilisation a disparu; la mélancolie déchirante des flash-back qui expliquent comment l’épouse et mère (Charlize Theron, bouleversante) a choisi la mort plutôt qu’une non-vie; l’angoisse de croiser des survivants sans savoir s’ils font partie des cannibales qui hantent les paysages asséchés; les craquements obsédants des arbres qui s’écroulent les uns après les autres…

Tout y est. The Road est d’une densité et d’une poésie qui paraissait impossible dans les rouages industriels de Hollywood. (...)

Thierry Jobin, Le Temps