Urga

De Nikita Mikhalkov
France, Russie - 1991 - vost - 119'
Synopsis

Gombo, jeune éleveur mongol, vit avec sa famille dans la steppe en parfaite harmonie avec la nature. Un jour Sergueï, employé d'une entreprise russe dans la ville la plus proche, tombe en panne avec son camion. Gombo l'accueille dans sa yourte. L'amitié va naître et s'installer entre ces deux hommes que tout sépare.

Lion d'or, Venise 1991

Critique

Nikita Mikhalkov a changé de décor. Les grands espaces ont remplacé la datcha tchékhovienne de Partition inachevée pour piano mécanique et l'appartement communautaire sinistre de Cinq Soirées. Il a apparemment changé de style, aussi : c'est à la façon d'un documenta­riste qu'il contemple, lors d'un repas merveilleux de drôlerie, deux cultures opposées qui essaient de se rejoindre. Mais tout de même, dans ce film moins ciselé que d'habitude, les thèmes de Mikhal­kov resurgissent, à commencer par la nostalgie des racines perdues. Sergueï le Russe a oublié le nom de ses ancêtres, et la honte le saisit, soudain, de vivre si mal. Gombo le Mongol, lui, a oublié la puissance de ses lointains aïeux ; Gengis Khan, qui lui apparaît soudain, reproche à son descendant sa mollesse, sa dégénérescence. Mais parce qu'ils restent tous deux des héros de Mikhalkov - des êtres doués de raison, de déraison et de dérision -, le Russe et le Mongol réagissent de façon inattendue. Dans le night-club de la ville, Sergueï, les larmes aux yeux, se met à chanter sur une ­valse mélancolique. Au coeur de cette steppe qui est la sienne, le Mongol esquisse des pas de danse... Ce sont ces moments de grâce absurdes qui font le prix d'Urga.

Pierre Murat, Télérama