Tom à la ferme

De Xavier Dolan
Canada, France - 2013 - vost - 105'
Synopsis

Un jeune publicitaire voyage jusqu'au fin fond de la campagne pour des funérailles et constate que personne n’y connaît son nom ni la nature de sa relation avec le défunt. Lorsque le frère aîné de celui-ci lui impose un jeu de rôles malsain visant à protéger sa mère et l'honneur de leur famille, une relation toxique s'amorce bientôt pour ne s'arrêter que lorsque la vérité éclatera enfin, quelles qu'en soient les conséquences.

LA FICHE DU FILM CHEZ VOUS

 

Précédé du court-métrage:

Off a Cliff de Cédric Jouarie (Taiwan, 2014, 5’30’’) - le 24.09

Critique

Révélé à 20 ans par un premier long métrage prometteur projeté à la Quinzaine cannoise (J’ai tué ma mère, 2009), le Québecois Xavier Dolan a rapidement confirmé un talent précoce mais très sûr avec la romance popLes Amours imaginaires (2010), puis surtout le romantique et flamboyant Laurence Anyways (2012). Après ce chef-d’œuvre baroque sur le destin tourmenté d’un transsexuel incarné par Melvil Poupaud, on s’attendait à une légitime baisse de régime. Sorti juste avant Pâques, Tom à la ferme n’a pourtant rien d’une œuvre mineure.

D’apparence moins ambitieuse, et trompeuse avec son titre de livre pour enfants, cette adaptation d’une pièce de son compatriote Michel Marc Bouchard se distingue par la maîtrise absolue de sa mise en scène et un étourdissant mélange de genres. Sur le papier, c’est un simple psychodrame théâtral: jeune publicitaire de Montréal, Tom (Xavier Dolan) se rend à l’enterrement de son amant au fin fond de la campagne québécoise. Il y rencontre sa mère, qui ignore l’homosexua­lité de son fils, et un frère violent qui veut le retenir à la ferme familiale. Entre intimidation et attirance (réciproque), une relation ambiguë à l’issue incertaine se noue entre eux...

Il y a là matière à un film douloureux sur le deuil (vécu différemment par les trois protagonistes) doublé de la peinture âpre d’un Québec rural déshérité et homophobe, thèmes admirablement déployés. Mais ce qui frappe d’emblée, c’est l’atmosphère toxique et claustrophobe d’un thriller psychologique sous haute tension qui lor­gne vers l’horreur et le fantastique – sans exclure encore une pointe d’humour grinçant! Au détour d’une scène ou l’autre, et jusque dans l’emphase exagérée de la musique de Gabriel Yared, l’ombre de Kubrick, Hitchcock ou Cronenberg planent discrètement sur cet exercice de style virtuose. On y reconnaît pourtant la griffe très personnelle de Dolan, dans sa manière de marier lyrisme et réalisme cru, comme dans ses audaces formelles – à l’image de ces moments où le cadre de l’écran se resserre sur un Tom acculé. N’en déplaise à ceux qu’il agace, le jeune prodige trace sa route avec une assurance bluffante. Son nouveauMommy sera d’ailleurs présenté en compétition à Cannes.

Mathieu Loewer, Le Courrier

Projeté dans le cadre de

Du 19 Septembre 2014 au 28 Septembre 2014
Festival de cinéma lesbien, gay, bi, trans, intersexe, queer & alliés